Pascal SIMOENS | Urban Planner UMons | Archimade Studio
Amazon a lancé courant du mois d’août une compétition entre les villes d’Amérique du Nord pour la localisation de son second centre de décision (What Amazon’s HQ2 Wish List Signals About the Future of Cities?). Une démarche qui peut paraitre innovante, mais qui correspond simplement à l’ouverture publique d’une compétition qui existe déjà depuis des décennies de manière plus ou moins informelle et se limitant aux serail immobilier et les bureaux feutrés des maires des villes.
Ce qui nous intéresse aujourd’hui, ce sont les critères énoncés par Amazon (Amazon Wish list) et qui offrent au public (pour la première fois ?) les critères définissant une ville qui aura la chance d’être attractive ou non, selon les critères les plus récents et incluant les questions numériques.
Les 4 critères sont les suivants :
- La capacité de produire des talents compétents et techniques : précisément, ils signalent l’importance d’avoir un système universitaire fort incluant, bien sûr, une faculté en sciences et informatique, mais également avec un enseignement secondaire de qualité préparant aux universités.
A cet effet, et comme déjà exprimé dans le cadre d’un autre de mes posts relatifs à la stratégie d’implantation de Google dans les territoires où les Data Center sont localisés, les GAFA(M)° ont besoins d’être protégés par la connaissance au même titre que les nobles du moyen-âge avaient besoin de leurs habitants, d’un territoire fertile en temps de paix et défensif en temps de guerre. La matière première des entreprises technologique est la matière grise qui se travaille dès le plus jeune âge et s’épanouit à l’université.
- L’accès au marché local et global (mondial) via les infrastructures de qualité. Par infrastructure, il est entendu la multiplicité modale (aéroports, autoroutes, rail …), mais également, un réseau de télécommunication à très haut débit.
Si pour les Belges, la question des infrastructures semble une évidence, il faut nuancer cela à l’échelle du monde où le croisement de l’eau, du rail, des routes et des airs est très rare. En outre, et toujours pour un pays comme la Belgique, la qualité des infrastructures inclut également son accessibilité, donc les questions de bonne mobilité… un domaine où certains pays européens en sont loin et certaines villes américaines également (Los Angeles pour ne citer qu’elle).
- Un lieu durable et connecté : la connectivité ne doit pas se limiter ici à la question des réseaux, mais bien dans la qualité des espaces urbains.
En d’autres termes : l’urbanité. Un concept qui définit ce qui fait que la ville est ville et non un zoning industriel ou centre d’affaires banal. Amazon précise d’ailleurs l’enjeu de la qualité des connexions via les différents modes de transports : vélo, piéton, tram, etc.
- La culture et la diversité : une approche volontariste, mais très calculée c’est-à-dire la nécessité d’avoir de la diversité dans les populations.
Plus pragmatiquement, ce qu’Amazon révèle avec cette demande, c’est le fait que dans une économie mondiale, une multinationale a besoin de gens de tous horizons. Et comme précisé dans l’argument n°1, si cette multiculturalité est éduquée dans la ville du centre de décision, c’est encore mieux.
Alors, que nous raconte cette demande d’une des 4 big four du numérique ? C’est qu’une ville doit aujourd’hui être ouverte sur le monde (immigration), misant un maximum sur une urbanité plurielle (le développement durable) et s’appuyant sur des infrastructures connectées.
Rien de neuf par rapport aux critères d’implantation des entreprises depuis la Seconde Guerre mondiale. En effet, mais pas tout à fait non plus : les questions de la qualité d’une population « smart » et intelligente telle que le définit Richard FLORIDA émergent de manière transversale. En fin de compte on en revient aux fondamentaux : ce qui fait la ville, ce sont ses habitants.
NUMERIC LANDSCAPE 
7 commentaires