CONFINEMENT, ET APRES ?

paris, confinement

Temps de lecture : 4 minutes
Mots clés : Confinement, coronavirus, covid-19, épidémie, 2e vague, modèles

À l’heure où sont écrites ces quelques lignes, près d’1/4 du monde terrestre humain est confiné chez lui est confiné chez lui, une situation jamais vue à l’échelle de la planète. Toutefois, ce confinement est un choix assez étonnant de la gestion de crise alors que cette solution était la dernière suggérée par l’OMS. Mais ce n’est pas l’objet de la discussion. Par contre se pose la question de la sortie de crise et l’anticipation de la seconde vague.

Seconde vague

La petite ville de Codogno, dans le nord de l’Italie, est le symbole du démarrage de l’épidémie comme ce fameux match de Bergame contre Séville dans le cadre de l’UEFA Champions League (19 février 2020) qui s’est déroulé à Milan. Cette petite ville a été confinée depuis le 22 février 2020. Un confinement total, avant un léger desserrage des contraintes après 15 jours et un retour à la norme de confinement décrétée pour toute l’Italie.

Ce qui nous intéresse dans ce cas, c’est la réaction de la population entre la phase 1 et la phase 2 de confinement : si toutes les deux sont strictes, la seconde permet plus de latitudes par exemple en Belgique où les secteurs vitaux restent au travail. Pour preuve et dans la situation apocalyptique du nord de l’Italie, la salle des fêtes de cette petite bourgade s’est transformée en usine de produits hydroalcooliques. Néanmoins, peu de personnes ont profité de cet assouplissement et la crainte de la seconde vague est omniprésente… alors que la première vague n’est pas encore terminée. Ce qui se passe là-bas devrait nous interroger sur ce qui risque de se passer chez nous. En effet, deux théories s’affrontent actuellement :

La première est de considérer que la fin du Lock Down sera le début d’un rebond des activités (avant une rechute à moyen terme) ;
La seconde est la stagnation continue avec la peur de choper le virus à défaut de savoir si on est contaminé ou pas.

Les pionniers italiens démontrent qu’à situation équivalente, c’est plutôt la seconde option qui est dominante et ce n’est pas bon pour nous. En effet, le paradoxe de notre situation actuelle est la faible immunité de groupe qui nous rend plus vulnérables pour l’avenir et en attendant un vaccin pour le plus fragile. Un constat qui amène inéluctablement vers une seconde vague épidémique.

La question : quand ?

La célèbre revue scientifique The Lancet vient de publier une première modélisation de la seconde vague selon les dispositions choisies par les différents pays. L’article COVID-19 : extending or relaxing distancing control de Tim Colbourn (UCL, Londres) publié le 25 mars 2020 se résume comme suit :

L’étude de Kiesha Prem et ses collègues dans The Lancet Public Health est cruciale pour les décideurs du monde entier, car elle indique les effets de l’extension ou de l’assouplissement des mesures de contrôle de la distance physique sur l’épidémie de la maladie de coronavirus 2019 (COVID-19) à Wuhan, en Chine. Prem et ses collègues utilisent les données observées sur la propagation du COVID-19 de Wuhan et des données empiriques finement détaillées de la Chine sur le nombre de contacts par jour par groupe d’âge à la maison, à l’école, au travail et ailleurs. Leur modèle indique que si les mesures physiques de distanciation commencées fin janvier 2020 à Wuhan sont progressivement relâchées en mars, le virus pourrait recommencer à resurgir 3 mois plus tard en juin, et générer un deuxième pic 5 mois plus tard fin août 2020. Cependant, si les mesures étaient assouplies un mois plus tard en avril 2020, la résurgence commencerait 2 mois plus tard, en août 2020, et culminerait en octobre. Leurs projections suggèrent qu’un mois supplémentaire de mesures de distanciation physique (ou d’autres méthodes, telles que des tests généralisés) pourrait accorder 2 mois supplémentaires avant que ces mesures ne doivent être rétablies pour éviter la résurgence de l’épidémie vers une surcharge du système de santé. Cette résurgence potentielle reflète celle qui s’est avérée probable dans le modèle développé par Ferguson et ses collègues. Étant donné que de nombreux pays où l’épidémie augmente sont désormais potentiellement confrontés à la première phase du verrouillage, des moyens sûrs de sortir de cette situation doivent être identifiés.

C’est ainsi que les modèles montrent que plus vite nous libérons le confinement, plus rapide est est la seconde vague épidémique, et donc plus vite les hôpitaux sont à nouveau saturés. Un modèle qui montre qu’un mois de confinement en plus c’est deux mois de gagné pour la seconde vague. Une approche qui est en lien avec la notion de « horde » et de contamination collective et le délai d’hospitalisation des malades. En outre, les travaux sont très partiels et il est de nouveau rappelé que pour affiner ces travaux, un dépistage systématique est essentiel pour mieux calibrer les résultats. Globalement, ces premières modélisations liées essentiellement aux données chinoises nous font comprendre que le déconfinement ne pourra s’effectuer que petit à petit afin d’éviter une seconde vague trop difficile à assumer par les systèmes hospitaliers.

L’enjeu des tests pour modéliser la seconde vague.

En effet, sans tests, il est impossible de déterminer si le niveau de contamination de horde (+/- 70% de la population) est atteint et donc permettre un effet d’immunité collective et réduisant les vagues massives de patients gravement atteints.  L’auteur propose des solutions rapides de tests par rapport aux capacités de mise en œuvre et fabrication desdits tests de dépistage (par exemple, un test par famille confinée, si le test est positif, toute la famille reste confinée).

Les modèles démontrent qu’ils nous apprennent de nombreuses choses sur cette épidémie et qu’ils doivent aider à prendre des décisions. Aujourd’hui, la première serait de focaliser sur le dépistage massif… mais est-ce possible alors que nous n’avons pas encore assez de masques ?

Merci de votre lecture.

Pascal SIMOENS Architecte et urbaniste, Data Curator. Spécialiste Smart Cities et données urbaines, Université de Mons, Faculté d’architecture et d’urbanisme

source intiale : Futura-Sciences

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