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mots-clés : Barcelona, superblocks, urban planning, santé, qualité de vie
Chers lecteurs,
En juin 2019, nous avions commencé à vous parler des superblocks de Barcelone (Avez-vous déjà entendu parler des superblocks de Barcelone ?). Il avait fait un carton plein de lecture avec plus de 550 lectures en 2021 et sur moins de 6 mois.
Cet article propose une expérimentation de regroupement d’ilots urbains en grappes qui ne sont plus accessibles par les véhicules au quotidien. Seuls les services, livraisons, et riverains peuvent y circuler et en zone 20. Cette approche innovante de concevoir la ville en transition pose la question plus générale des villes piétonnes comme Gand a pu le faire récemment et avec un succès remarquable. D’autres villes hésitent et certains risques de passer à côté (comme Mons et son prochain plan de mobilité qui n’ose pas franchir le pas).
Entretemps, La Covid est passée par là et la question de la qualité de vie et la santé dans les centres-villes se sont avérées un sujet prédominant pour de nombreuses agglomérations dans le monde (La ville créative et déconfinement, .28 avril 2020).
Précisons encore qu’en 2019 et avec nos étudiants de l’atelier Urbanités (titulaires Anne Marécaux et votre serviteur) nous avions déjà entrevu l’évolution des stratégies de superblocks à l’échelle du centre-ville de Mons en proposant une ville intramuros fermée à la circulation automobile.
Ces options provenaient aussi de notre réflexion dans le cadre du projet Montpellier 2040 (2012) et pour lequel nous avions proposé la création de voies douces en alternance avec des voies routières sur le réseau existant de la ville de Montpellier. Un travail qui avait été cordialement reçu par les pouvoirs publics… mais le fruit n’était pas encore mûr.

Les résultats des superblocks et les questions de santé
Les arguments du développement de ces superblocks commencent à dépasser le cadre purement théorique et quelques enseignements nous reviennent. Nous allons ici exposer les données de santé.
Un article dans le journal Environment International (134/2020,ed. Elsevier) et pour titre Changing the urban design of Cities for Health : The superblock model et coécrit par plusieurs chercheurs des universités de Barcelone, Madrid, der Statton (Texas), du Colorado et de Melbourne nous propose une analyse intéressante sur l’impact de ce nouveau modèle sur la santé de ses habitants.
L’hypothèse est assez simple : « Lorsque vous construisez un [superbloc], l’idée est d’enlever de l’espace aux voitures et de l’offrir aux gens« , explique Mark Nieuwenhuijsen, directeur de l’initiative Urbanisme, environnement et santé à ISGlobal, l’Institut de santé mondiale de Barcelone, et l’un des auteurs de l’étude. « Lorsque vous enlevez les voitures, ce qui va se passer, c’est que cela va réduire les niveaux de pollution atmosphérique. Les niveaux de bruit diminuent. Il y a plus d’espace pour les espaces verts que vous pouvez mettre à cet endroit, et cela réduit également les effets d’ilot de chaleur… et les gens font plus d’activité physique, ils n’utilisent pas autant la voiture. »
Cette étude démontre que la réduction de la pollution des voitures est le plus grand impact, toutefois il est loin d’être le seul et le second qui apparait est la réduction du bruit en ville avec une diminution immédiate du stress… les autres conséquences ne sont pas négligeables non plus avec la problématique des ilots des chaleurs qui sont un effet cumulatif des canicules en ville. Pour exemple, les différentes vagues de canicules à Paris ont démontré une différence de 8 à 11° de température entre le centre de Paris et le bois de Vincennes… lorsque la température moyenne dépasse les 40°, on imagine ce que cela peut engendrer comme dégâts et stress sur les corps humains.
Certains pourraient opposer qu’avec l’arrivée des voitures électriques, on règlerait le problème. Toutefois, la problématique des ilots de chaleur en ville va devenir cruciale dans les décennies à venir et il est donc grand temps de passer à un nouvel urbanisme d’aménagement des rues et places en ville. Une question d’autant plus importante que l’inaction se calcule en victimes. Pour rappel, la première grande canicule européenne au 21e siècle (2003) a fait plus de 45.000 morts « officiels », dont près de 19.000 en France (démontrant au passage une probable sous-évaluation pour les autres pays… (pour plus d’info : aux causes du temps, 1er juillet 2019).

Bref, les auteurs de l’étude ont estimé les impacts sur la santé de la mise en œuvre de ce modèle urbain à travers Barcelone avec une étude d’impact sur la santé sur une durée de 20 ans et en considérant que le système urbain des superblocks était généralisé. Il en résulte que près de 700 décès pourraient être épargnés… par an ! soit 14.000 personnes sur 20 ans. Dans le même temps, l’activité physique plus fréquente liée à la réduction de l’emprise des véhicules dans les usages quotidiens amène à une augmentation de l’espérance de vie de 200 jours. Enfin, et non des moindres pour tous les défendeurs de l’économie urbaine basée sur la voiture, il apparait que le développement de ces superblocks, réinjecte 1,7 milliard d’euros/an à Barcelone. En effet, l’attractivité de la ville augmente (+65.000 habitants), les déplacements locaux sont intensifiés et favorise le commerce local et les investissements dans les transports en commun nécessitent des emplois locaux. Certes, il n’est pas fait la balance sur l’ensemble des investissements au début du processus qui ne sera récupéré qu’à moyen terme. Toutefois, rappelons que ‘une personne malade c’est aussi de l’argent qui coûte à la société et à un moment où le financement des hôpitaux est un enjeu crucial, il est intéressant de constater que la modélisation de l’éjection de la voiture des villes peut aussi contribuer à améliorer la santé des gens et donc des caisses des villes et états.
L’Accès à l’étude est payant, je vous en ai résumé seulement les grandes lignes par respect auprès des auteurs.
Bonne lecture.
Pascal SIMOENS Architecte et urbaniste, Data Scientist. Expert Smart Cities. J’ai commencé ma vie en construisant des villes en Lego, j’en ai fait mon métier. Geek invétéré, aujourd’hui je joins mes passions du numérique et de la ville au travers d’une expertise smart Cities et smart buildings en travaillant en bureau d’étude (Poly-Tech Engineering) et j’enseigne cette même expertise à l’UMONS et l’ULB.
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