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mots-clés : H2, Hyphen Hydrogen Energy, green energy, Afrique, Europe
Chers lecteurs,
L’hydrogène est le Graal énergétique du moment. Il aurait, semble-t-il, toutes les vertus. Nous avons démontré qu’il fallait fortement nuancer ce regard si l’H2 n’était pas vert debout-en-bout avec notre article hydrogène ou électrique, ma voiture balance (18 novembre 2021).
La question aujourd’hui essentielle est « comment fabriquer de l’hydrogène vert ». Bien que l’Europe produise de plus en plus d’électricité verte, elle ne pourra répondre à la demande supplémentaire de production d’hydrogène à partir de panneaux solaires ou d’éolien. Il faudra donc produire ailleurs. C’est comme cela que l’Afrique et le Moyen-Orient se voient dans les décennies à venir : les producteurs, non pas de pétrole, mais bien d’hydrogène. C’est le cas de l’Arabie Saoudite, l’Égypte, l’Algérie, le Maroc et, plus récemment de la Namibie dont il a été fort écho dans les médias.
Le cas de la Namibie est significatif : entouré par la Zambie, l’Angola (qui a du pétrole) et l’Afrique du Sud, ce pays est longtemps resté en marge de ses voisins. D’une part, ce fut une colonie anglaise, allemande, et ensuite sous protectorat Sud-Africain et d’autre part elle n’a pas de pétrole, mais des mines (entre autres d’uranium). Ces mines représentent 25% du PIB pour un pays où 17% de la population vit avec 2$/jour. La Zambie, c’est aussi un énorme désert( du Kalahari)… la première ressource pour l’H2, nous allons vous expliquer :
- Le territoire Namibien est essentiellement constitué d’une côte désertique, l’un des plus beaux déserts au monde, d’une profondeur de 100 à 200km vers les terres et le plateau central.
- Qui dit désert dit soleil et qui dit côte, dit accès aux bateaux-tankers.
- Or, pour fabriquer de l’hydrogène vert, aujourd’hui le modèle économique le plus efficace est de produire de l’hydrogène avec de l’électricité verte issue de l’éolien ou des PV. Ensuite, l’H2 est liquéfié à basse température dans des tankers H2 (le premier vient de se lancer sur les océans).
- Ces tankers sont eux-mêmes mus par des moteurs électriques consommant de l’H2
- les ports d’Anvers et de Rotterdam ont déjà planifié le transfert Pétrole vers H2 en 2035.
Chez nous, cette planification inclut également les stratégies de Fluxys et Air Liquide pour faire passer leurs oléoducs en hydroducs dès 2025 (avec de l‘H2 gris pour commencer).
Le projet namibien est porté par l’entreprise Hypren Hydrogen Energy qui se positionne comme un futur Shell ou Exxon Mobil de l’énergie verte. On notera que le projet s’étale sur 4.000 km², soit 1/8 de la taille de la Belgique, la taille de la province de Hainaut. Un projet à 9.4 milliards de dollars (!) pour fabriquer 300.000 mT de H2 vert à partir d’une centrale hybride solaire/éolien de 5 GW. Et électrolyseur de 3 GW. Derrière Hyphen se trouve deux investisseurs : ENERTAG, société allemande et NH ltd, un holding spécialisé dans les investissements européano-africain.
Ce projet est défendu par les autorités locales comme « durable localement, car pouvant créer de l’emploi ». La manne est céleste… Marco Raffinetti, directeur général d’Hyphen, précise dans un interview donné à RFI (L’hydrogène vert: un secteur porteur pour l’Afrique ?, 2 décembre 2021) que le projet correspond au doublement du PIB namibien. Céleste, disions-nous…
Tout cela sera heureux à condition que cette nouvelle approche énergétique où l’Afrique était jusqu’alors délaissée (ce n’est pas le continent du pétrole), devienne un véritable partenariat à long terme où la production d’électricité ne serve pas uniquement à la fabrication d’H2 pour les Européens. Ce n’est qu’à cette condition que l’H2 sera réellement « propre » et il reste, avouons-le, encore beaucoup d’inconnues en ce moment. Il serait donc temps que l’Europe comme elle commence à le faire pour les produits chinois, d’implémenter des « conditions de développement humain » dans la certification verte de l’H2 vert.
Merci de votre lecture.
Pascal SIMOENS Architecte et urbaniste, Data Scientist. Expert Smart Cities. J’ai commencé ma vie en construisant des villes en Lego, j’en ai fait mon métier. Geek invétéré, aujourd’hui je joins mes passions du numérique et de la ville au travers d’une expertise smart Cities et smart buildings en travaillant en bureau d’étude (Poly-Tech Engineering) et j’enseigne cette même expertise à l’UMONS et l’ULB.
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