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Mots clés : smart cities, développement durable, villes, cap Gemini
Quels sont les enjeux du « monde d’après » ? Durable, sans nul doute, digitalisé, on ne s’y attendait pas nécessairement, mais le confinement n’y est probablement pas pour rien. C’est en tout cas ce que le rapport du Capgemini Research Institute nous révèle dans un article de ville intelligente rédigé par Yannick SOURISSEAU (5 août 2020).
En substance, que nous révèle ce rapport ?

« de plus en plus de citoyens à travers le monde plébiscitent des villes engagées dans une démarche écoresponsable, notamment en matière d’urbanisme et de digitalisation. » résume bien l’essentiel du rapport. Toutefois, cette enquête sur plus de 10.000 citoyens, 300 gestionnaires dans 58 villes et 10 pays nous révèle un regard critique sur les aménagements actuels, car plus de 50% de la population en est mécontente. Mieux, il semblerait que la qualité des stratégies mises en place par les villes fait de plus en plus partie des objectifs sélectifs de déménagement dans une ville. Dans ce contexte, l’étude nous semble tout de même un peu biaisée. Nous n’avons pas d’informations sur le panel sociologique des citoyens contactés. Nous extrapolons donc que nous avons plutôt à faire avec les populations dites créatives, définies par R. Florida et R. Landry tels que nous le décrivons dans les articles de notre blog :
The Geography of Creative Cities is changing : from large Metropolises to Regional Cities
Les cœurs de villes sont truffés de gens intelligents
Les enjeux urbains bruxellois sont-ils là où on le pense ?
La ville créative et déconfinement
Ces populations sont hyper connectées et très exigeantes face aux questions de développement durable, ceci expliquant peut-être les résultats de cela. Néanmoins, l’étude a l’intérêt de démontrer le renforcement de l’engagement de ces populations qui sont les leaders du développement urbain. Cela implique aussi une ville intelligente et connectée. Pour son étude Capgemini a repris la définition de la Smart City de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe : « Une ville intelligente et durable est une ville novatrice qui utilise les technologies de l’information et de la communication (TIC) et d’autres moyens pour améliorer la qualité de vie, l’efficacité de la gestion et des services urbains ainsi que la compétitivité tout en respectant les besoins des générations actuelles et futures dans les domaines économique, social, environnemental et culturel » et selon le rapport, la mise en place d’un programme de développement durable par leur ville représente un enjeu de plus en plus important aux yeux des citadins : la pollution (42%) et le manque d’initiatives durables (36%) sont des préoccupations majeures, qui pourraient les motiver à quitter leur ville et à choisir celle qui correspond le mieux à leurs aspirations.
Il est aussi intéressant de constater que la préoccupation majeure des gens est la pollution des villes dont la qualité de l’air (73%) mais sont tut aussi attentifs à la protection de leurs données ( 63%). Parallèlement, la mise en place des plateformes numériques est très complexe pour les villes eu égard aux difficultés de financement qui ne rendent pas ces sujets prioritaires… un paradoxe où l’offre et la de »mande ne se rencontrent pas et créent de nombreuses frustrations et, surtout, laisse le libre champ des entreprises de services privés tels de Google (Waze, Sidewalk labs, etc.) ou encore Amazon avec ses services de gestion des caméras (aux États-Unis).

En même temps, l’ensemble des responsables des villes constatent que la gestion de la pandémie est facilitée par les outils numériques, ce qui est au regard des risques économiques, un facteur non négligeable de résilience économique aussi ! Le rapport propose d’accélérer la mise en œuvre des Smart City impliquant une collaboration étroite entre les principaux partenaires et précisant en outre que le déploiement et le financement de projets innovants ne suffisent pas en soi pour estimer qu’une ville est engagée dans une démarche de Smart City. Selon Cap Gemini, le déploiement entre toutes les parties prenantes du projet et notamment les responsables de villes, les startups, les universités et les entreprises de capital risque, en collaboration avec les usagers est un enjeu urbain en soi. Le rapport conclut sur trois recommandations :
- Développer une vision de Smart City avec la durabilité et la résilience comme pierre angulaire.
- Permettre aux responsables de ville d’endosser le rôle d’entrepreneurs et, dans le même temps, garantir la protection des données afin d’instaurer la confiance.
- Bâtir une culture de l’innovation et de la collaboration avec les citadins au sein de l’écosystème de la ville.
Cap Gemini est un poids lourd des services numériques en France et dans le monde, leur point de vue est bien évidemment orienté, mais nous retiendrons toutefois que la CODIV-19 a fait prendre conscience de l’importance des outils numériques urbains pour améliorer la résilience des territoires et la prise de conscience des populations urbaines créatives de la place de ces outils comme facteur d’amélioration de la santé en ville.
Belle journée à vous et merci de votre lecture.

Pascal SIMOENS Architecte et urbaniste, Data Curator. Expert Smart Cities. J’ai commencé ma vie en construisant des villes en Lego, j’en ai fait mon métier. Geeks invétéré, aujourd’hui je joins mes passions du numérique et de la ville au travers d’une expertise smart Cities et smart buildings en travaillant en bureau d’étude et j’enseigne cette même expertise à l’UMONS et l’ULB.