THE GENTRIFICATION IS A SYSTEMIC PROBLEM, NOT ONLY LOCATED IN SOME PLACE IN THE CITIES

La gentrification n’est pas seulement un problème localisé à certains quartiers en ville, c’est systémique et plus complexe, une nouvelle étude américaine le démontre, mais quid chez nous en Europe et en Belgique? Temps de lecture : 6 minutes

Cette étude issue d’un rapport rédigé l’école de droit de l’université du Minnesota/Institute of Metropolitan Opportunity et complété par la création d’une carte holistique du problème et des conséquences territoriales de la gentrification par William Stancil.

L’étude démontre que si certaines villes furent pionnières dans le retour en ville de riches (SF, NY, Washington DC), il n’en résulte pas moins que ce phénomène est de plus en plus fréquent dans les villes américaines. Ce qui est encore plus intéressant, c’est que la carte montre le transfert des personnes liées à cette gentrification. Et que constate-t-on ? Un mouvement important entre les banlieues et les centres-ville, dans les deux sens. Est-ce pour autant que les riches éjectent les pauvres vers la périphérie ? Pour les grandes métropoles, certainement pas, car la complexité urbaine de ces villes a toujours permis une mixité des populations (notons bien que SF et la Silicon Valley a atteint ses propres limites). Par contre, les plus petites métropoles montrent une accentuation du phénomène et le développement de la dualité.

Les riches en ville, pourquoi ? Effet de mode ?

Si les riches reviennent en ville, autant aux USA qu’en Europe, c’est certainement parce que la ville semble, de prime abord offrir les meilleurs services que la ruralité et la banlieue ne permettra plus dans les années à venir. En effet, après la Seconde Guerre mondiale, les urbanistes ont voulu travailler sur l’équité territoriale avec la mise ne place des infrastructures « pour tous ». Le développement des réseaux autoroutiers en fut l’un des exemples, mais avec la conséquence de la réduction drastique de l’offre de chemin de fer qui, pourtant, offrait déjà l’équité (du moins en Europe occidentale). Un constat qui se généralisa dans les années 80, constatant que les investissements pour une équité territoriale n’étaient plus tenables. Ainsi, les politiques des villes et des territoires se reconcentrèrent sur les cœurs de villes délaissés par les riches qui trouvaient le même confort en banlieue qu’avant en centre-ville.

D’une part ces choix étaient justifiés par l’effondrement des centres-villes et donc du cœur des agglomérations concernées, d’autre part le mal était fait et les villes s’étaient étendues plus que de raison. L’arrivée des concepts de développement durable (rapport Brundtland, 1987) accéléra cette nouvelle donne pour réduire l’accessibilité de la périphérie et banlieues et renforcer les transports en  en centre-ville et 1ere ou deuxièmes couronnes urbaines. Concomitamment, des auteurs comme R. Florida (2002), Charles Landry (2008) ont développé les concepts de villes créatives qui précise les mécanismes de retour urbain des jeunes classes créatives, riches (d’abord intellectuellement puis financièrement) que toutes les villes mondiales se concurrences pour les accueillir. À cela s’ajoute le papy-boom, les chantres de la périphérie et qui aujourd’hui cassent le marché des centres-villes en générant une demande plus forte de l’offre, éjectant une partie de la population jeune vers les périphéries, mais précarisées : transports coûteux en voiture, stress des embouteillages, logements de faible qualité constructive…

Depuis les prémices de ce changement de paradigme puis avec son accélération liée aux paradigmes de la ville numérique, connectée et nécessitant de nombreux investissements de mise à niveau des infrastructures, les banlieues deviennent des secondes zones. Mais qu’entendons-nous par banlieues ? Ce n’est certainement pas celles des villes françaises qui concentrent une densité de population que pour investir dans les infrastructures. Non, nous parlons ici des territoires entre-deux : les petites villes de périphérie, les lotissements éloignés dans des villages perdus à 15 km du centre-ville… tous ces territoires d’entre-deux-villes de plus grande importance. Nous ne parlons pas non plus ici des véritables territoires ruraux qui sont organisés comme tels, mais bien des territoires qui ne peuvent pas vivre ou survivre sans s’accrocher à une ville de plus grande taille.

Finalement, tous les territoires urbains occidentaux sont concernés et nous n’en sommes qu’aux débuts. Il est grand temps de prendre conscience de ce nouveau paradigme, car si l’impression donne à penser que seules les grandes villes génèrent de la gentrification, ce système gangrène aujourd’hui les plus petites métropoles. Or, demain, seules deux catégories d’habitants resteront sécurisées contre les changements climatiques :

  • Les ruraux, car ils ont toujours été résiliences face à la nature ;
  • Les urbains, car la technologie suppléera/réduira les risques inhérents aux villes face auxdits changements.

En conclusion, cette étude ouvre, pour une première fois, la lecture de la gentrification à l’échelle d’un territoire et non d’un quartier. Une approche nouvelle et fondamentale pour bien comprendre les mutations sociologiques de ceux-ci, mais également les enjeux de demain, ce que qu’ont tenté de proposer mes étudiants dans le cadre de leurs travaux de premier quadrimestre sur la ville de Mons.

La gentrification nous concerne tous.

Pascal Simoens

Urbaniste, architecte & data Curator

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