La Belgique est empêtrée dans un système de mobilité proche de la thrombose et les spécialistes (entre autres le bureau du plan), prévoit un arrêt définitif de la mobilité aux heures de pointe en 2030, soit dans moins de 14 ans(!), mais également au-delà avec un système sclérosé de partout et risquant la mort subite à tout instant dès qu’un accident vienne bloquer les rouages autoroutiers belges. Le problème est complexe et nous pourrions parler rapidement de l’immobilisme de la SNCB avec un RER qui reste bancal et déjà saturé (car pensé dans les années 1980), ou le maintien d’une politique d’extension de l’habitat catastrophique à travers toute la Belgique, sans oublier le belge qui pense avoir absolument besoin de son petit lopin de terre autour de sa maison pour se sentir chez lui. Toutefois, aujourd’hui, force est de constater que La Belgique est à la limite de ses capacités et plus particulièrement Bruxelles et Anvers.
Parallèlement, Pékin avec ses 21,5 millions d’habitants pour une surface faisant la moitié de la Belgique nous semble fort lointaine pour trouver l’inspiration. Et pourtant…
En effet, Pékin a développé historiquement (comme Bruxelles) une centralité qui s’est renforcée de plus en plus par ses développements récents. Toutefois, la migration et la pression foncière a forcé les pékinois de sortir de plus en plus loin du cœur de la ville afin de trouver des logements disponibles et à un coût raisonnable. Il s’en suit également une explosion du parc automobile… 5.7 millions de véhicules, soit exactement le même nombre de véhicules qu’en Belgique en 2017 (Stabel). La carte ci-dessous, issue du World ressources Institute et qui fait écho à une étude commandée par la municipalité montre que plus de 50% des navetteurs travaillant à Pékin vivent au-delà du 5eme périphérique.
Face à ce constat devenu intenable, la ville a décidé (avec l’appui d’une étude de la Bejing Jitaotong University) de créer 4 nouveaux pôles urbains dans la zone d’influence de la capitale (càd à l’intérieur des ring). L’objectif étant de transférer la distribution des bureaux et services vers la périphérie afin de diminuer les déplacements vers le centre. Une forme de TOD (Transit Oriented Developpement) mais à très grande échelle s’appuyant sur un développement multimodal déjà bien développé à Pékin mais encore insuffisant (pour rappel, le même nombre de véhicules pour une population plus du double).
Qu’en est-il alors pour la Belgique ? Proposer de nouvelles villes ? Certainement pas car nous avons la chance d’avoir un réseau urbain très dense avec de nombreuses villes périphériques déjà organisées avec des services, commerces, etc. Il ne leur manque que des bureaux en plus forte densité ainsi que le redéploiement des transports combinés train-voiture à plusieurs échelles et sous la forme de Hubs : les appuis secondaires sont reliés aux appuis renforcés qui sont eux-mêmes en lien avec Bruxelles. Je pense, plus particulièrement aux villes de Louvain (Leuven), Gand, Charleroi et Malines (Machelen). Cela induit bien évidemment la création de routes et de nouvelles lignes de trains, entre autres, entre Gand et Charleroi (ne passant pas par Bruxelles qui est saturé) ou le renforcement de lignes préexistantes mais non utilisées comme celle reliant Charleroi-Wavre-Louvain à Malines.
Ces villes pourraient facilement accaparer une partie des besoins en bureaux qui ne seraient pas d’ordre « institutionnels » comme l’UE ou l’OTAN qui resterait du privilège de la région de Bruxelles capitale. Par contre, de nombreux bureaux et services ne nécessitent pas de se trouver à 3 îlots de ces institutions. Parallèlement, une réflexion sur un RER élargi serait nécessaire également et la création d’un 3eme ring autour de Bruxelles, reliant les villes de Alost, Charleroi, Louvain et Malines, soit dans un rayon de 35-40 km de Bruxelles. Le 4eme ring étant les autoroutes existantes maillant déjà la Belgique.

Utopie? en Belgique, tout devient utopique! Par contre, la congestion finale du pays en 2030 est de plus en plus une réalité. Sans choix radicaux, la mort attend l’économie belge. Il est donc grand temps de réfléchir à des alternatives crédibles au système actuel et pour cela, les développeurs immobiliers ont un rôle important à jouer car ils sont les premiers influenceurs de leurs futurs clients.
Source : Toward Car-Free Cities: Beijing Seeks an Inroad to Sustainable Transport, the City Fix, 2017