
Le nouveau projet de MVRDV que l’on appelle Sky Garden à Séoul nous offre une réflexion émergente depuis quelques années sur la nécessité de se réapproprier les espaces délaissés, mais plus encore, la question de la récupération des espaces appelés « tiers lieux » que je traite depuis de nombreuses années sur ce blog.
Ces troisièmes lieux ne sont ni des rues, ni des places, n’ont pas d’identité singulière qui en font des lieux de rencontre… et pourtant ils deviennent ces nouveaux lieux hybrides entre les délaissés d’infrastructures et la nécessité de se réapproprier des lieux laissés à l’abandon à proximité des de ces espaces.
Si la promenade des chemins de fer de l’Est reliant l’Opéra-Bastille au périphérique parisien avait ouvert le bal de manière un peu involontaire au début des années 90, depuis, la High Line de New York a rendu ce concept à la mode.
C’est pourtant depuis de nombreuses années et grâce à l’avènement des nouvelles technologies qui permettent de s’approprier tous les espaces de la ville et sans exception, grâce au GPS et autres systèmes de géolocalisation fournie par le smartphone, que ce type d’espace à retrouvé vie.
Ils font partie de cette nouvelle démarche urbaine incluant les phénomènes de travail en coworking, Airbnb (votre maison se trouve au milieu de nulle part, mais vous pouvez la louer, car tout le monde peut la trouver facilement), auto partage,…
Le travail des architectes néerlandais n’est donc que l’expression d’un phénomène qui va s’amplifier d’année en année sur la notion durable de recyclage à l’échelle de la ville elle-même.
Le projet est un viaduc de plus de 900m reliant l’un des districts de la capitale (Huam-dong) vers la périphérie ( Gongdeok dong) et traversant la gare Centrale de Séoul. À l’échelle métropolitaine, la rupture du chemin de fer a pour effet de couper un maillage naturel entre deux des nombreuses collines formant le paysage de la capitale. Ce projet doit donc être réfléchi non pas comme un objet en soi, mais bien commun lien futur constituant le maillage vert de la ville.
À l’échelle même de l’infrastructure, il est intéressant de voir comment les architectes assument les contraintes d’un viaduc routier devenant parc. De manière beaucoup plus brutale que pour la High Line dont certains aspects offrent une forme de « romantisme industriel », ici des architectes assument pleinement que le tablier ne devienne pas un tapis vert sur le casino de bonnes intentions. À mon sens, cela donne d’autant plus de force au projet qui le rend encore plus urbain. Et en cela, le projet s’inscrit bien dans cette nouvelle approche de réappropriation des espaces publics par les citoyens et de manière spontanée.
Les quelques images de synthèse pourraient nous faire penser à une sorte de Blade Runner verdurisé, ayant perdu la noirceur de Harrison Ford. C’est probablement en cela ce projet nous indique une des voies du futur tout comme celle du projet de Liverpool (Flyover Bridge) que je vous avais fait découvrir dans le cadre d’un autre post et qui se développe à partir des intentions des habitants eux-mêmes et allons à l’encontre de la volonté politique. Ces projets sont des ponts et assumés comme tels.
Peut-être est-ce en cela une mutation urbaine majeure sur la conception même des espaces et de leur définition pour les années à venir.
PS : À y regarder de plus près, on se demande pourquoi on est en train de démolir le viaduc du boulevard Reyers à Bruxelles, alors que celui-ci pourrait offrir un belvédère public original vers les nouvelles infrastructures des télévisions belges qui seront construites à côté. Probablement un coup manqué !
Plus d’informations : vers le site de MVRDV
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