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Mots clés : mégalopoles, propagation, virus
En cette période atypique, je m’étais engagé à continuer à vous écrire sur des sujets d’architecture et d’urbanisme et je pense qu’après cette semaine chargée qui vient de se passer, c’est nécessaire ! Mais tout d’abord, je tiens à vous remercier pour le suivi de ce blog et particulièrement de mon article sur les problèmes sociaux liés au confinement. Vous étiez très, très nombreux et ça fait chaud au cœur.
Dans le cadre de ma curation d’articles, force est de constater que nous sommes confrontés à un battage médiatique quasi unilatéral sur le coronavirus. Cela devient pesant au point que je me demande parfois si nous ne sommes pas dans une téléréalité de type Loft story qui a fait les belles années de TF1 ! Une situation qui nous laisse parfois à côté de questions importantes. Entre autres, il est question ici d’un article intéressant et relatant la question de la relation de la densité des villes et de la propagation du virus.
L’université de Chicago a publié un article « Le coronavirus frappe plus durement les grandes villes. Comment devraient-ils réagir? » (en anglais) issu d’une étude couvrant plus de 200 zones urbaines aux USA et qui quantifient la façon dont le COVID-19 a attaqué les grandes villes. Il est constaté que la dispersion de la pandémie va 2,5 x plus vite à NY (20.000.000 d’habitants) que sur le reste du territoire (il est pris l’exemple d’une petite ville de 85.000 habitants). L’étude démontre également que la contamination massive est proportionnelle à la densité de population (et ses conséquences probables sur l’immunité collective).
Si les USA ne sont pas nécessairement comparables à l’Europe, à tout le moins, l’Europe propose des zones urbaines plus denses, ce qui devrait nous amener à réfléchir sur des territoires comme la Belgique ou les Pays-Bas et encore des zones urbaines comme la Ruhr. En effet, si nous extrapolons les chiffres américains (ce qui est aventureux, je vous l’accorde, mais la simulation est intéressante !), nous devons nous poser une question : si le phénomène de densité de population a un impact sur la contamination, alors un territoire hyper dense comme le Benelux devrait déjà proposer une immunité collective importante (20 ou 30% ?) par rapport à d’autres territoires moins denses. Cette approche rejoindrait celle de l’étude menée par l’institut de virologie de Bonn (8 avril 2020) qui démontre que sur un échantillon significatif de la population, 15% des personnes testées étaient déjà positives au virus. La conclusion amène à croire qu’une part déjà significative de la population, dans le district de Bonn, est contaminée et donc immunisée.

Il serait judicieux de développer le modèle suivant : réaliser une étude de tests ciblés en fonction des caractéristiques urbaines spécifiques (densité, tranches d’âge de la population, etc.) et d’analyser les résultats de tests ciblés. De ce fait, et toujours sous la forme de modèle, nous pourrions cartographier l’immunité collective supposée pour les territoires, selon leurs caractéristiques, ce qui permettrait de mieux comprendre les risques du déconfinement et les vagues suivantes.
Merci de votre lecture.
Pascal SIMOENS Architecte et urbaniste, Data Curator. Spécialiste Smart Cities et données urbaines, Université de Mons, Faculté d’architecture et d’urbanisme
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