
Temps de lecture : 4 minutes + rapport (68 pages)
Mots clés : environnement, bilan carbone, consommation, villes
Voici un rapport ( juin 2019 mit en ligne fin 2019) bien intéressant pour ceux et celles qui se préoccupent de l’optimalisation urbaine et de son bilan carbone. Le rapport est issu conjointement du Think Tank C40 Cities pour le développement durable des villes, l’université de Leeds et le bureau d’ingénierie mondialement reconnu ARUP qui propose son slogan « we shape a better world ».
L’originalité du rapport est de fixer initialement un objectif, soit l’augmentation de la température limitée à 1.5°C.
Cela signifie que les éléments d’analyses sont définis pour que les choix répondent à un objectif, à l’inverse des nombreuses autres études qui laissent aux politiques le choix … de faire un choix et donc de travailler par opportunités. A contrario, l’étude est généraliste et donc ne donne que des approches globales, toutes les villes n’ont pas été étudiées. Ce rapport doit donc se comprendre comme une introduction méthodologique sur les axes majeurs à étudier pour atteindre l’objectif de 1,5°C.
Le rapport illustre bien les enjeux d’une ville durable aujourd’hui et à quel point certains choix sont bien plus efficaces que d’autres. Il met en exergue également les enjeux holistiques des propositions nécessitant une vision transversale de chaque choix réalisé par les villes et intégrant des systèmes de plus en plus complexes, mais réalisables au travers des apports technologiques de régulation, mesures, anticipation. La Smart City n’est pas loin, bien sûr.

Quelques chiffres clés
85% des émissions urbaines associées à des biens et des services sont générés en dehors des villes
Afin de réaliser l’objectif des 1.5°C, d’ici 2030, l’impact moyen de la consommation des villes devrait diminuer de 50%

La méthode d’analyse se base initialement sur la compréhension des risques si on ne change pas de politique et cela fait froid dans le dos.

Notons que les villes qui ont participé à cette étude sont également des villes pionnières dans le développement des villes intelligentes et numériques. Est-ce un hasard ?


Si nous précisons le cas du domaine de la construction, il représente 11% de la production de CO, incluant une définition large des éléments constitutifs de la construction et nécessaires au bon fonctionnement des villes.

Mais si nous nous rapprochons des questions liées aux bâtiments, on constate que la gestion combinée de l’efficacité des matériaux (par exemple moins de matière pour une meilleure résistance), l’optimalisation des usages dans un bâtiment (construire un seul parking de 100 places au lieu de deux de 75, mais avec de systèmes de gestion et d’optimalisation des espaces par les outils numériques), le changement de type de matériaux (par exemple, construire en CLT plutôt qu’en béton), le développement du ciment bas carbone et enfin, la réutilisation des matériaux de chantier, permettent la réduction de 29% de la production de CO dans le domaine de la construction ! Une vision volontariste amène même au chiffre impressionnant de 44% au total, soit près de la moitié par rapport aux processus de construction actuels !

Ce n’est donc pas négligeable pour le domaine qui impacte le plus les villes.
Nous vous proposons de lire les autres domaines , tout aussi intéressants et qui démontre, entre autres que les changements alimentaires (réduction de + de 35%), la réduction de consommation de vêtements (-40%), le développement de l’optimalisation des déplacements privés qui, malgré le mauvais bilan des VE pourrait être réduit de 14% (mais cela pose toutefois question…) et enfin la réduction des déplacements en avion (par un transfert modal vers les trains ?) pourrait réduire de 43% la production de CO dans le contexte actuel d’usage des vols et déplacements.
L’étude démontre également les relations coût/bénéfice des choix proposés. Pour la construction, c’est une régulation du coût des constructions et donc du marché immobilier (déjà démontré par l’approche proposée par Side walk Labs (Google) à Toronto).

Finalement, les enjeux se situent au travers de ce graphique qui montre l’impact positif des choix

Et qui nous renvoie vers le post que je vous ai proposé (BEING GOD TO SAVE US) sur le mix des solutions possible pour réduire notre impact sur l’augmentation de la température du globe. Finalement, si tout le monde s’y met, c’est possible, car la grande leçon de cette étude est de démontrer que si toutes les politiques sont optimisées par exemple mettre plus de trains pour les déplacements de moins de 800 à 1.000 km, nous pouvons croire en un avenir contenu et donc durable.

Merci de votre lecture.
Pascal SIMOENS Architecte et urbaniste, Data Curator. Spécialiste Smart Cities et données urbaines, Université de Mons, Faculté d’architecture et d’urbanisme
Sources :
Télécharger le rapport de synthèse ici
Télécharger la méthodologie ici