L’article qui suit est issu d’un travail du Guardian , soutenu par la Rockfeller Foundation. Cet article nous révèle les conséquences d’une démarche qui se retrouve de plus en plus dans les projets urbains, limités ici à l’analyse de Londres, mais qui sont également négociés à Bruxelles, Paris ou encore des plus petites villes comme Charleroi ou Liège (Belgique).

Le principe veut que les consortium immobiliers privés se chargent de la création des espaces publics autour de leurs projets. Certes, cela soulage les villes qui n’ont déjà pas beaucoup de moyens mais la sournoiserie londoniennes démontre que les promoteurs immobiliers se sont bien accommodés de ce système… pour privatiser ces espaces. Il faut savoir que cette approche public-privé existe depuis le début des années 90 en Angleterre, faisant suite à un processus de libéralisation totale de la gouvernance publique « grâce » aux années Thatcher. Le meilleur exemple fut la création des London Docklands : tous les espaces étaient pensés, réalisés et construits par le privé. le résultat fut catastrophique car les principes de rendement ne marchent guerre avec l’espace public. C’est donc une seconde vague qui émerge maintenant à Londres avec le développement de nouveaux projets et où les développeurs sont bien plus sournois : la conception de l’aménagement permet, à moyen ou long terme, de tout simplement privatiser les espaces pour les rendre accessibles exclusivement aux projets concernés. La raison en est très certainement les changement de types de projets, passant du projet de bureau dans les années 90 à des projets de logements et qui nécessitent moins d’accessibilité directe et continue.

Mais au-delà, ce sont les usages qui sont contraints. En effet, n’oublions pas que nous sommes sur des espaces privés et donc, toutes manifestations, actions naturellement plausibles dans l’espace public sont soumises à autorisation privée autant que publique (maintient de la sécurité). Imaginez les grévistes qui veulent s’installer devant le siège social de l’entreprise X qui est propriétaire des 5 ha autour d’elle. Il devient impossible de manifester. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

Cela nous amène à rappeler que la ville n’est pas seulement un Monopoly, c’est d’abord un lieu de vie et le pouvoir public est le garant de la symbiose urbaine, sa cohérence.