POUR UNE ENTREPRISE, LA MEILLEURE ÉNERGIE EST CELLE QU’ON NE CONSOMME PAS

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mots-clés : WEF, PwC, livre blanc, énergie, demande, construction, rénovation, enjeux, compétitivité, énergie verte.

Chers lecteurs,

Fin de l’année 2023, le WEF (World Economic Forum) qui avait mandaté PwC a exposé un nouveau rapport (Livre blanc) sur l’intérêt et la quantification des réductions de consommations d’énergies dans les bâtiments (industriels et commerciaux) à l’échelle planétaire et , plus particulièrement , dans les pays développés. Nous vous en relatons ici les grandes lignes qui permettent de mieux cerner les enjeux de compétitivité des entreprises face à la réduction de la consommation en énergie pour leurs bâtiments.

En préambule

Dans le cadre de notre travail au sein de l’équipe d’ingénieurs de Poly-Tech Engineering (Charleroi, Bruxelles), nous avons développé un doxa relativement simple : dans le cadre d’une analyse de cycle de vie (ACV) comment faire en sorte de consommer le moins possible d’énergie lors de la construction de nouveaux bâtiments ? Notre expérience de terrain amène également à la question complémentaire : 90% du bâti existant doit être rénové, comment consommer moins également dans ces cas de figure ?

Bien qu’un bâtiment est toujours une expérience singulière, nous pouvons toutefois préciser l’équation suivante :

Il en ressort la nécessité de mettre en place des outils de mesure (par simulation) de notre entropie de conception constructive et ensuite l’entropie de consommation pendant la durée de vie des bâtiments avec une plateforme de services et de gestion énergétique. Tout cela n’a de sens que tenant compte du ROI (Return of Investment).

Nous nous réjouissons que PwC confirme notre approche démontrant son bien-fondé.

Explications

Le livre blanc publié en janvier 2024 démontre par son étude macro (USA et UE) qu’il est possible de réduire de 38% la consommation d’énergie des bâtiments commerciaux et industriels d’ici 2030, permettant d’économiser 2.000 milliards de dollars… par an !

La mise en œuvre de mesures d’économie d’énergie et d’efficacité énergétique peut potentiellement conduire à une réduction de 90 % de l’intensité des processus sans changement significatif de la technologie, de la réglementation ou du financement externe. En d’autres termes, tout est déjà à la disposition des entreprises et des spécialistes /auteurs de projets dans la durabilité énergétique pour répondre aux objectifs que le livre blanc désigne comme « atteignable ».

Le libre blanc focalise beaucoup sur une transition vers l’électricité, durable bien évidemment. Toutefois, il y a un problème fondamental dans cet objectif : la demande en énergie va dépasser la capacité de production (énergie verte) en effet, malgré l’hypothèse d’une multiplication par trois des énergies renouvelables, les scénarios du livre blanc prévoient une insuffisance potentielle de l’offre d’énergie propre d’ici 2050. Le livre blanc prévoit un déficit de 42 % de l’offre d’énergie renouvelable pour répondre à la demande d’énergie des bâtiments commerciaux, de l’industrie et des transports d’ici à 2050. Si on considère que les bâtiments représentent, selon les études , entre 30 et 38% des besoins mondiaux en énergie, l’enjeu de réduction des besoins va répondre à deux éléments significatifs de la compétitivité des entreprises :

  • Rendre les entreprises plus fortes face à une énergie de plus en plus chère du au principe d’offre /demande
  • Les actions sur la demande d’énergie peuvent aider les entreprises à réduire leurs coûts d’exploitation annuels d’environ 10 % en trois ans, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et en augmentant leurs marges de 200 à 300 points de base. Pourquoi 3 ans ? Car après l’investissement réalisé, les simulations projetées de réduction de consommation ne savent pas être atteintes immédiatement. Il faut une période d’acclimatation, d’adaptation des processus de production plus efficients, etc. CA explique également l’importance de la mise ne place d’une plateforme de gestion des services d’énergie pour offrir un contrôle et , directement, rectifier les dérives.

Ces plateformes sont d’autant plus intéressantes aujourd’hui que l’IA à fait son apparition et permet encore mieux de comprendre les fonctionnements industriels ou commerciaux tout en simplifiant la réponse aux questions complexes, par exemple l’intégration des chaînes de valeurs et écologiques dans les processus « produits » et à travers tous les producteurs et sous-traitants.ces plateformes de services, selon l’étude, peuvent encore réduire de 25% supplémentaires les besoins en énergies.

Comme vous le constatez, le numérique entre partout, tant dans la conception en amont du projet qu’ensuite , pour l’utilisation du bâtiment. Rappelons encore que la maxime « la meilleure énergie est celle qu’on ne consomme pas » s’applique particulièrement dans la conception de la rénovation/construction. Pour exemple, dans le cadre d’une récente opération (qui est toujours en cours) nous avons contribué à l’aide à la conception environnementale d’un immeuble de plus de 7.000m². L’immeuble est d’aspect sobre à l’extérieur. Une sobriété de bon aloi… sans pare-soleil, ou autres systèmes de protection solaires qui sont tous des systèmes entropiques, c’est-à-dire des « tru »s » qui sont mis en plus sur la façade pour compenser un problème qui pourrait être géré dans la conception même du bâtiment. Avec les architectes , nous avons évité cet accueil par simulations et analyse des données dynamiques à partir de la maquette contextualisée sur le site. Bref, le numérique est partout et comme outil d’aide à la décision. Ces outils permettent même de mesurer l’impact du bâtiment sur les voisins.

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Travailler dans un écosystème

Parler du voisinage c’est aussi parler de collaboration dans les zonings ou à l’échelle urbaine pour les commerces. C’est le troisième levier du livre blanc : Comme troisième levier, il est recommandé (…) des mesures de collaboration tout au long de la chaîne de valeur, telles que la modification de la conception des bâtiments, la mise en place de systèmes de chauffage et de refroidissement urbains et de systèmes de gestion énergétique urbains, la production et le stockage d’énergie sur site, l’utilisation de matériaux plus écologiques ainsi que des programmes de réponse à la demande. Citant un exemple d’éclairage économe en énergie et d’intégration de systèmes de construction intelligents pour les immeubles de bureaux commerciaux au Brésil, le rapport souligne l’importance de la coopération avec les organismes des secteurs public et privé afin (…) d’intégrer des systèmes d’énergie verte et distribuée. Il est plus précisément question ici des communautés d’énergies qui seront probablement l’enjeu majeur de la décennie eu égard aux besoins en énergie et, dans le même temps, la pénurie de celle-ci (énergie verte, cf. supra).

Cerise sur le gâteau

Outre la réduction de l’intensité énergétique, la rénovation ou la construction énergétiquement efficiente peut réduire de20 % le taux d’absentéisme du personnel, améliorer la productivité des employés jusqu’à 7 500 dollars par personne et par an, créer 3,2 millions d’ emplois par an et augmenter la valeur des actifs d’environ 15 %, ce qui permet d’obtenir de meilleurs rendements locatifs, indique le livre blanc. La raison en est simple, outre un véritable confort intérieur qui est adapté aux besoins réels, la question de la gestion des éclairages, de la qualité de la ventilation réduit les maladies et améliore le plaisir à travailler, complété à de nouveaux aménagements tel le NWOW (New Way of Working). Dans le cadre des nouvelles générations qui arrivent sur le marché du travail, les millénials et Ditgital Natives, c’est essentiel.

En conclusion

Le livre blanc du WEF semble enfoncer des portes ouvertes pour des spécialistes comme nous, mais ce type de rapport est essentiel pour faire prendre conscience aux opérateurs économiques plus particulièrement les PME qui ne voient pas encore,dans les économies d’énergie, un enjeu de compétitivité, mais plus un coût d’investissement, qu’investir dans la réduction énergétique de leur entreprise est un enjeu fondamental pour rester compétitif dans un monde en plein changement.  

Bonne et belle journée à vous.

Pour complément :

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Pascal SIMOENS Architecte et urbaniste, data Scientist. Expert Smart Cities. J’ai commencé ma vie en construisant des villes en Lego, j’en ai fait mon métier. Geek invétéré, aujourd’hui je joins mes passions du numérique et de la ville au travers d’une expertise smart Cities et smart-buildings en travaillant en bureau d’étude (Poly-Tech Engineering) et j’enseigne cette même expertise à l’UMONS et l’ULB.

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