ChatGPT3 : ÇA PART DANS TOUS LES SENS. ET SI ON PARLAIT DE LA BASE + UN PEU D’ARCHITECTURE ?

image : source Midjourney

Temps de lecture : 8 minutes
mots-clés : OpenAI, ChatGPT3, Deezen , Dall.e, Midjourney, /imagine/, pictures, sémantique, sémiologie, enseignement, architecture

Chers lecteurs,

La nouvelle IA générative, ChatGPT3 est sortie des laboratoires depuis à peine 3 mois et c’est depuis la folie douce. Les échanges de comptoirs (mais qui se font aujourd’hui sur les plateformes des réseaux sociaux) s’en donnent à cœur joie. Pour certains, c’est la fin de l’intelligence humaine, pour d’autres… c’est juste un outil qu’il vaut mieux apprendre à utiliser comme le marteau qu’on ne met pas dans les mains d’un enfant avant qu’il ne marche.

Visiblement, beaucoup de personnes semblent avoir oublié que cette IA n’a pas de cerveau et ne sont que des lignes de programmes. Certes, des lignes codées avec brio pour maitriser les données mises à sa disposition, mais néanmoins, cela reste un outil comme tous les outils informatiques. Ce qui change c’est la manière de l’utiliser qui nous semble de plus en plus familière. En effet, personne ne s’aventurerait sur un logiciel de dessin technique sans avoir d’abord appris les rudiments. Il en va de même avec cette nouvelle IA et toutes les IA génératives.

source : Midjourney

Apprendre à utiliser les nouveaux outils comme apprendre à lire

Contrairement aux idées préconçues, on n’a jamais tant écrit que depuis que l’internet est arrivé. L’écriture est un élément fondamental du numérique comme le propose Maurizio Ferraris, ethnologue et qui écrivait déjà en 2007, avant l’arrivée de l’i Phone, que l’écrit était notre condition moderne. 16 ans plus tard, tout le monde s’amuse à converser… par écrit avec une intelligence artificielle.

Entretemps, il semble que les adultes ont oublié d’écrire correctement, ce qu’on exprime aujourd’hui comme de la sémantique et de sémiologie. Ils ont oublié que l’IA est un modèle LLM (modèle large de langage).

source : Midjourney

La sémantique

Selon chatGPT3.5, la sémantique est l’étude du sens des mots et de leur relation avec d’autres mots, ainsi que de la signification des phrases, des textes et des discours. Elle s’intéresse à la manière dont les gens utilisent les mots pour transmettre des idées, des concepts et des informations, et comment ils interprètent le sens des mots et des phrases lorsqu’ils les entendent ou les lisent. Nombre de personnes reçoivent des réponses erronées de l’IA non pas parce que la machine n’est pas intelligente, mais bien parce que la question a été mal posée. Et si plusieurs questions ont été successivement mal posées, on arrive à de très mauvaises réponses. C’est un peu comme les platistes : à force de donner des arguments faux, il y en a bien un qui sera assez correct et cohérent avec un autre, même si les deux sont faux. On recherche des liens là où il n’y en a pas.

Et l’IA de préciser encore l’importance de la sémantique pour elle-même : en ce qui concerne les questions posées à un système comme moi, la sémantique est importante, car elle peut affecter la compréhension et l’interprétation des questions. Les questions doivent être formulées de manière claire et précise pour que je puisse les comprendre correctement et y répondre de manière pertinente. Si les mots ou la structure de la question ne sont pas clairs, cela peut entraîner une réponse incorrecte ou inutile.

Enfin, elle précise que si la question est mal posée, la réponse sera tout aussi « bête », car on oublie souvent que les machines ne sont que des machines qui apprennent avec leurs interlocuteurs. D’ailleurs, l’adage ne dit-il pas que la qualité du cours n’équivaut que la qualité du prof qui le donne ? On l’oublie souvent, mais cette IA reste un enfant sans expérience. Une expérience qui s’affine avec ses échanges avec les humains et donc les questions posées. En cela, on peut comparer les interactions de l’IA rendue publique par Microsoft en 2016 et devenue très rapidement raciste (Le Monde, 24 mars 2016) qui s’est ouverte au monde sans barrières sémantiques et surtout sémiologiques.

La sémiologie

Toujours selon notre IA préférée du moment, la sémiologie, également connue sous le nom de sémiotique, est l’étude des signes et des symboles et de leur utilisation pour communiquer des idées, des significations et des messages. Elle est basée sur l’idée que la communication n’est pas seulement verbale, mais implique également l’utilisation de signes et de symboles pour transmettre des informations. La sémiologie s’intéresse à la manière dont les signes sont créés, utilisés et interprétés. Elle examine les systèmes de signes dans différents contextes culturels, sociaux et historiques, et explore comment les gens utilisent les signes pour donner du sens au monde qui les entoure. Les signes peuvent être des images, des gestes, des sons, des mots ou des objets, et la sémiologie étudie comment ces signes sont utilisés pour communiquer des messages, des significations et des idées. En ce qui concerne les questions posées à un système comme moi, la sémiologie peut également avoir des implications sur la façon dont les questions sont formulées et comprises. Les signes et les symboles utilisés dans les questions peuvent avoir une signification particulière dans un contexte donné, et la compréhension de cette signification peut être importante pour comprendre la question correctement. De même, la réponse fournie peut également dépendre de la signification des signes et des symboles utilisés dans la question.

Nous oublions que l’écriture a aussi une expression, des non-dits culturels : un noir qui dit qu’il est black n’a pas nécessairement la même signification qu’un blanc qui parle d’un black. Vous commencez à cerner la nuance ?

« Beta test » en architecture

Au sein de notre atelier d’architecture paramétrique, avec mes collègues , nous avons décidé d’utiliser les IA mises à notre disposition pour faire du projet. Le schéma est simple : sur base de la théorie des objets de Meinong qui permettent de définir les sens sémantique et sémiotique des mots et des phrases, nous faisons travailler nos étudiants pour rédiger  des textes et mots qui expriment leurs idées, ressentis, expressions sur un site précis à Charleroi. Ensuite, nous testons les réponses de chatGPT3 sur ces sujets, devant ouvrir les idées et les non-dits, impensés du conscient ou subconscient. Bref, l’IA doit briser les aprioris d’un territoire, ici : une ville industrielle, sale, etc. L’IA, elle n’a que faire du lieu.

Là où les choses deviennent intéressantes, c’est que nous utilisons ce texte pour ensuite demander à l’IA de communiquer avec son alter ego visuel (Dall.e(2) étant sa sœur): Midjourney. ChatGPT3 « traduit » en sémantique Midjourney la sémiologie exprimée par nos étudiants. Il en résulte des réponses graphiques beaucoup plus intéressantes qu’une simple question ou phrase posée sur /imagine/ a city with an inhabited bridge in an industrial city but with nature.

Par ailleurs, nous avons constaté que la visite de terrain restait essentielle pour rompre avec les a priori sémiotiques qui influencent la sémantique et donc fourni aussi des a priori (puisque l’IA apprend de nous et non l’inverse).

Finalement, cette expérience (en cours) confirme la recherche sur des réseaux antagonistes génératifs – couramment appelés GANs pour « Generative Adversarial Networks » – conditionnés par des incorporations de texte. La sémantique est reine.

What’s next ?

Cette expérience est un saut dans l’inconnu, mais un inconnu qui est déjà balisé dans le cadre d’une approche pédagogique fortement liée à l’écriture, par ailleurs objet de ma thèse traitant des éléments de contexte et des groupes d’actions sur la plateforme Facebook agissant contre les projets d’architectures sur les territoires. C’est donc sur base d’une connaissance acquise par la science que nous nous sommes jetés dans cette aventure. Mais la question va plus loin et certains professionnels de l’architecture, souvent engagés dans les architectures atypiques et paramétriques ont déjà intégré dans leur processus de conception les IA génératives d’images. Leur retour d’expérience mérite qu’on s’il attarde un peu :

source : Serpentine gallery test, Midjourney

Pour suivre

Le métier d’architecte n’est pas encore voué à disparaitre, par contre, notre équipe d’enseignant est convaincue que les architectes qui ne voudront pas s’approprier ces nouveaux outils et avec intelligence « sémantique » ont du souci à se faire. Et la sémantique, tout comme la sémiologie, c’est de la culture générale et un bon enseignement des bases depuis le premier degré du primaire.

On vous laisse seul juge de la suite…

Merci de cette lecture.

Pascal SIMOENS Architecte et urbaniste, data Scientist. Expert Smart Cities. J’ai commencé ma vie en construisant des villes en Lego, j’en ai fait mon métier. Geek invétéré, aujourd’hui je joins mes passions du numérique et de la ville au travers d’une expertise smart Cities et smart buildings en travaillant en bureau d’étude (Poly-Tech Engineering) et j’enseigne cette même expertise à l’UMONS et l’ULB.

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