L’IA MID JOURNEY A ENCORE FRAPPE ET GAGNE UN CONCOURS… SELON SES DÉTRACTEURS CE N’EST PAS DE L’ART. VRAIMENT?

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mots-clés : Smart, IA, DallE, Mid Journey, peinture, painting, design, arts, critics

Chers lecteurs,

Je vous ai déjà abondamment parlé des IA et des dessins (ou œuvres) qu’elles peuvent générer :

• Re-Blog : Mij Journey AI and Billionaire on Crack-test ( 5 septembre 2022)
• DALL.E : Faisons le point ( 1^er septembre 2022)
• Do you know Dall.e (2) ? It’s a Powerful IA Which will Impress you (15 juin 2022)

Récemment, un cap a été dépassé avec une œuvre réalisée par Jason Allen dénommée Théâtre d’opéra spatial et qui se base sur le travail de l’IA Mid Journey, une oeuvre qui n’aurait pas dépareillé dans le premier tome de Foundation d’Asimov. C’est à l’occasion à l’occasion de la Colorado State Fair, que l’œuvre digitale créée par une intelligence artificielle et un humain à remporté le prix de la plus belle œuvre d’art numérique. Il n’en a pas fallu plus pour que la toile s’enflamme : est-ce une œuvre ou est-ce un simple travail d’ordinateur ? Je n’aurai pas la prétention de trancher dans le texte qui suit, par contre, je vous propose de regarder l’histoire de l’art pour mieux comprendre ce qui se passe…

La question de l’œuvre par la beauté.

Parler d’une œuvre nécessite qu’on se pose la question de la beauté. Et sans aucun doute, cette œuvre est belle et a indubitablement du style. Mais la beauté fait-elle nécessairement œuvre ? Pour cela, il faut revenir aux bases de la beauté telles que Platon, Panofsky, Kant et bien d’autres l’on définit : c’est une idée. Or, dans le cadre de l’application des IA de « design sémantique », le dessin pictural est basé sur une instruction du type « une image sur fond bleu avec des robots » et itérative « des robots avec des yeux et d’aspect métallique ». De ce principe et démarche, nous pouvons donc élaborer une hypothèse qui veut qu’une œuvre soit une œuvre puisque les IA ne font que retranscrire de manière de plus en plus fine l’iodée qui se trouve dans l’esprit, l’intention artistique de celui qui donne les instructions. En ce sens, l’art de la peinture et de la parole ne sont pas si éloignés que cela, ne dit-on pas : cette toile raconte une histoire ?

La question de l’œuvre et de la copie.

La deuxième critique portée à la réalisation d’œuvres à partir d’une IA est que les œuvres sont basées sur des images préexistantes et donc, en quelque sorte, la machine compile ces images pour en faire une nouvelle. Nous sommes ainsi face à la question de la copie et, plus largement, de l’inspiration.

Dans le domaine qui me concerne, l’architecture, reconnue comme un art « majeur », le processus itératif est constant : rien ne se crée de nulle part, tout se transforme. Nous sommes passés des temples grecs aux temples romains, puis aux églises romanes qui ont servi de base aux plans des églises gothiques qui elles-mêmes ont continué à se transformer pour atteindre l’image de la Sagrada Familia. Bref, même s’il n’y a pas beaucoup de ressemblances entre le Parthénon et la Sagrada Familia, il n’empêche qu’il y a une filiation entre les plans, le fonctionnement, les usages et la volonté de s’élever vers le ciel des Dieux.

La question de la rupture

Certains objecteront qu’il y a eu des ruptures stylistiques et ils auront raison. Ce fut le cas de l’arrivée du béton, avec l’exemple de magnifique église d’Auguste Perret au Havre. C’est une rupture technologique telle que… l’arrivée des intelligences artificielles. De la même manière que s’est posée la question du potentiel du béton armé dans la construction, aujourd’hui se pose la question du potentiel des IA, ici pour la question de l’art.

Réflexions (mieux que conclusions illusoires)

Vous aurez compris que je ne suis pas de ceux qui crient aux loups. Dall.e (2) et Mid Journey, pour ne citer que ces deux intelligences artificielles, sont encore jeunes comme Le Corbusier testant le potentiel du béton avant la maturité qu’on lui connait aujourd’hui. Jason Allen, 39 ans, concepteur de jeux vidéo et lauréat du prix ne dit rien d’autre : « l’IA est un outil, tout comme l’est un pinceau, et une impulsion créatrice reste nécessaire pour activer cet outil » et d’ajouter que la création de l’œuvre lui a pris 80heures de son temps dictant ses attentes à la machine, qui a créé près de 900 images, il en a finalement retenu seulement trois, qui ont été superposées et imprimées avant d’être présentée au concours d’art. dans l’article Une IA secoue le monde de l’art… en remportant un concours ( Arts in the City, 7 septembre 2022) il est également relaté le point de vue de l’organisateur du festival : Scott Stoller, directeur général de la foire, a lui déclaré que Théâtre d’opéra spatial n’enfreignait aucune règle, puisque les règles du concours stipulent bien que la catégorie « art numérique », stipule que les œuvres soumises au concours doivent bien utiliser « la technologie numérique dans le cadre du processus de création ». En revanche, il a bien pointé du doigt le fait que ce débat soulevait des questions nouvelles : « Pour l’année, prochaine, faut-il exclure ce schéma ?  Je pense que c’est une conversation que nous aurons avec l’ensemble de la communauté artistique à la suite de la foire de cette année. ».

Bref le débat n’est pas clos, et il ne l’est pas depuis que les artistes existent.

Merci de cette lecture.

Pascal SIMOENS Architecte et urbaniste, data Scientist. Expert Smart Cities. J’ai commencé ma vie en construisant des villes en Lego, j’en ai fait mon métier. Geek invétéré, aujourd’hui je joins mes passions du numérique et de la ville au travers d’une expertise smart Cities et smart buildings en travaillant en bureau d’étude (Poly-Tech Engineering) et j’enseigne cette même expertise à l’UMONS et l’ULB.