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mots-clés : Poubelle, tri sélectif, connecté, plateforme, management, 5G, optimalisation
Chers lecteurs,
La Belgique est devenue une championne du tri sélectif, n’ayant rien à envier à ses collègues nordiques. Toutefois, on doit également reconnaitre que le tri devient de plus en plus complexe avec des effets pervers tel que la résignation des habitants ne sachant plus à quel saint se vouer !
Les problèmes liés au tri sélectif sont confrontés à deux problèmes :
Le premier concerne le changement des habitudes, le second est lié à l’information. Vous voyez vers où je veux en venir : les TIC sont un enjeu central pour maintenant et le futur si nous ne voulons pas rater cette transition (obligatoire) face aux enjeux finaux connus de tous : consommer moins, consommer mieux, trier mieux nos déchets… s’il en reste. Cette problématique est d’autant plus importante qu’il y a un paradoxe dans la gestion du tri : on demande de densifier les villes et les espaces de tri ne sont pas toujours à l’échelle des enjeux, car les « locaux poubelles » deviennent de plus en plus importants dans les immeubles à appartements, sans oublier les maisons de ville anciennes qui ne sont absolument pas adaptées à ce nouveau paradigme. En ce sens, est-il normal qu’un local poubelle devienne aussi grand qu’un appartement 1 chambre. Les poubelles ont-elles plus de valeur qu’un habitant ?
Si le changement de comportement pouvait être aidé par la connectivité, quels bons exemples de poubelles connectées pour faciliter la vie des gens ?
Heyliot est une Startup française qui s’occupe de poubelles connectées. L’intérêt : elle mesure en temps réel le remplissage de la poubelle connectée et permet au gestionnaire des déchets de mieux gérer ses tournées. En Belgique, une autre Startup wallonne Be WaPP fait de même. Mais quel en est l’intérêt réel ? Une meilleure gestion des tournées pour les opérateurs de ramassage, mais également l’augmentation de l’offre des points de collectes.
Le procédé Flexidry est également une autre alternative à l’augmentation de la multitude de sacs de couleur arc-en-ciel. Certes, ce type de démarche nécessite une remise ne question complète de notre rapport aux ordures ménagères : ce n’est plus le ramassage qui vient à nous, mais nous qui allons vers les containers de déchets. Une solution d’autant mieux adaptée dans les milieux urbains où le m² coute très cher et où il est ridicule de consommer ces mètres carrés… pour des poubelles ! Toutefois, la contrepartie est que les collectivités locales, communes, intercommunales doivent offrir de nouveaux services. Des services qui ne peuvent pas non plus être offerts à chaque coin de rue (au sens littéral) . Il est donc essentiel de mieux gérer l’espace de stockage par le numérique qui, dans ces conditions, s’inscrit dans un principe d’optimalisation des ressources entre les besoins et l’offre. C’est ce que fait déjà Urbyn à l’échelle industrielle et des PME.
Un autre exemple intéressant du potentiel des Tech pour aider la population à réduire ses déchets autant qu’aux opérateurs de collecte de mieux gérer leur action est la plateforme Trizzy. Cette plateforme d’échange utilisé dans le bordelais a pour objectifs d’améliorer le recyclage (où puis-je déposer ce truc dont j’ai plus besoins ?) en reliant l’ensemble des acteurs de la région et le citoyen. Rappelons que le tri devient l’un des enjeux majeurs de notre époque… avant de tout mettre à la poubelle. Dans le domaine de la construction, il devient obligatoire, incluant le tri et la récupération sur le même chantier.
Tous ces systèmes rendraient fier Eugène Poubelle, l’inventeur de cet objet à la fin du 19e siècle et dont plus personne ne peut se passer. Mais si la poubelle d’origine avait pour objectif d’amener de la propreté dans les rues de Paris fraichement transformées par Hausmann, aujourd’hui la poubelle est devenue un objet dans un système complexe. Il est donc normal que peut de gens n’arrive à suivre tous les changements en cours. Les outils techniques 2.0 sont là pour y contribuer et comme toujours d’optimiser (c’est le cœur de l’approche IoT). Enfin, et à l’aulne de la 5G qui va révolutionner nos habitudes comme l’internet a pu le faire depuis 1993, il est essentiel de rendre les stratégies actuelles suffisamment résilience pour s’adapter peu à peu (5 ans) à ces nouvelles technologies. On en viendra à rêver d’un système connecté permettant de faire rôder des camions (à l’hydrogène) chaque jour pour ramasser les poubelles connectées déposées, car pleines, rendant à la fois service à la population et améliorant l’efficacité des tournées (des processus déjà en place dans de nombreuses villes en Europe !).
En même temps, n’oublions pas la population précarisée qui sera d’autant plus « déconnectée ». Cette dernière question se pose en ces termes :
D’une part, un téléservice performant (de nombres systèmes de chatbots peuvent répondre à plus de 85% des questions posées de manière récurrente tout en libérant des téléopérateurs qui peuvent prendre le temps de répondre à des questions atypiques. D’autre part, la connectivité peut être de plus en plus inclusive, contournant la problématique de la complexité en rapportant directement les informations aux serveurs de l’opérateur des déchets.
Science-fiction ? Non, tous les exemples proposés ici sont déjà opérationnels. Anticipation ? Partiellement avec la 5G couvrant les territoires de manière globale (2025). Mais vient alors à se poser la question. A-t-on vraiment pensé à l’ensemble de cette approche technologique pour mieux gérer la transition des processus de collecte des déchets dans le Hainaut ? Ce n’est pas à moi d’y répondre. Toutefois, je me permets d’en douter vu le chaos actuel face à un mouvement qui ne reculera pas. Cela pourrait être une péripétie locale, mais non, car la question des déchets est un problème global et cette situation a pour effet d’augmenter l’incompréhension et donc les dépôts clandestins.
Pour en discuter :
Une ville sans poubelle est-ce possible ?
Le blog de Trizzy
Application Recycle !
Merci de votre lecture.
Pascal SIMOENS Architecte et urbaniste, Data Curator. Expert Smart Cities. J’ai commencé ma vie en construisant des villes en Lego, j’en ai fait mon métier. Geek invétéré, aujourd’hui je joins mes passions du numérique et de la ville au travers d’une expertise smart Cities et smart buildings en travaillant en bureau d’étude (Poly-Tech Engineering) et j’enseigne cette même expertise à l’UMONS et l’ULB.