DO THE LITTLE DOWN TOWN LIKE CHARLEROI (BELGIUM) SURPASS THE FRONTIER OF TECH BREAKTROUGH?

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Le parvis de la gare de Charleroi Sud, au pied du centre ville

Les villes moyennes comme Charleroi dépasseront-elles les frontières de la rupture technologique ? Telle est la question posée et qui, encore une fois, sera inspirée dans notre post par les modèles américains. Modèles dont nous tirons parti pour les jeunes villes et les villes industrielles qui ont eu une expansion phénoménale en moins de 2 siècles, tout comme aux Etats-Unis.

Pour réfléchir à cette question, cette fois-ci nous nous inspirerons des articles de CityLab, un site internet lié à l’aménagement du territoire et issu du périodique The Atlantic. Plus spécifiquement, un article de Aaron RENN (Senior Fellow at the Manhattan Institute for Policy Research) nous a intéressés pour l’analyse du développement général des petites villes américaines comme Indianapolis, Cincinnati, Rhodes Island … Des villes reconnues, mais qui ne font pas le poids face aux mégalopoles de New York, Chicago, San Francisco…

 

 

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L’anneau d’Indianapolis, mondialement connu pour les courses NASCAR.

Ces petites villes américaines, avec leurs spécificités, offrent des dimensions de centre-ville similaires à Charleroi où, par exemple, Indianapolis pèse 20.000 habitants en centre-ville (objectif rêvé pour Charleroi). Mais ce que A. RENN nous montre c’est que ces petites villes se sont bien débattues dans la compétition urbaine nord-américaine, face aux ogres métropolitains, avec une politique de revitalisation urbaine profitant de deux facteurs :

  • Le premier, concerne la rénovation urbaine : commerces désertant les banlieues et retournant en centre-ville, redéploiement de la mobilité, s’appuyant sur des systèmes technologiques comme UBER ou, plus traditionnels comme la mise ne place d’un transport en commun en site propre.
  • Le second est conséquence du premier, avec la construction de logements et l’arrivée d’une nouvelle population définie de deux manières : soit les jeunes cadres moyens qui n’ont pas les moyens de s’installer dans les grandes mégalopoles, mais recherches des services et aménités urbaines importantes (brasseries, cinémas, etc.), soit et dans une moindre mesure les personnes plus âgées.

Les petites villes américaines ayant investi dans ces politiques de revitalisation urbaines ont réussi leur pari et se retrouvent aujourd’hui beaucoup plus animées qu’il y a 20 ans. Constatons que Charleroi reproduit exactement des stratégies urbaines éprouvées et est en passe de réussir.

 

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Downtown Indianapolis : une rénovation des centres villes pour les rendre plus attractifs à une nouvelle population urbaine.

Toutefois, cette stratégie ne suffit pas, elle nécessite également une réflexion sur l’attractivité économique de la ville, et plus particulièrement, l’offre de bureaux afin de répondre à un meilleur équilibre des fonctions. UN paradoxe en soi, mais très compréhensible : la ville est un système complexe et en continu déséquilibre. La force des villes est de continuellement tendre vers l’équilibre et définissant de la sorte des dynamiques urbaines continues. Au début des années 80, les villes étaient des espaces fonctionnels où la voiture était reine et donnait accès aisément aux bureaux et fonctions économiques. Poussé à son paroxysme, cette situation a amené les villes à une désertification, insécurité nocturne, déshumanisation complète. Les années 90 on permit la prise de conscience d’un retournement et les stratégies de reconquêtes se sont mises en place sous le vocabulaire de retournement, résilience, apaisement de la ville. L’exemple de NY (NY Times) fut précurseur en cette matière. Et nous nous retrouvons donc, 30 ans plus tard, avec des villes apaisées, hype, bobo-ifiées, parfois gentrifiées, etc.  Mais parallèlement, l’économie a changé, passant d’une économie réelle à l’économie virtuelle qui permet de gérer à un endroit et de produire à un autre. Si ce type de problématique a renforcé les grandes métropoles avec la concertation des centres de décisions, les villes petites et moyennes s’en sortent beaucoup moins bien.

Les États-Unis nous montrent encore l’exemple avec Detroit qui, malgré son naufrage, a trouvé la force de se relever. Certes, la population mise au banc par la crise s’est prise en main, mais qu’en aurait-il été si GM Corporation avait définitivement disparu, sans l’aide du gouvernement Obama ? Il ne faut pas confondre ici résilience et rapide capacité au changement. La résilience de Detroit a été portée par une base solide d’une multinationale même si elle-même était en grande difficulté. Ce type de multinationale ne court pas les rues et a tendance à se concentrer dans les grandes villes telles Amazon et la compétition pour l’édification de son HQ2 le démontre.

 

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le siège de GM Corp. dans le centre ville de Détroit

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le siège social d’Amazon, Seattle.

Quid alors des petites villes, qui plus est, comme en Europe où les réseaux urbains sont serrés et qu’il n’est pas rare de trouver une ville de 200 à 300.000 habitants à côté d’une capitale ou d’une mégalopole. La compétition est d’autant plus forte et donc nécessite encore plus une stratégie d’accrochage des entreprises afin de constituer un tissu économique en rapport avec l’offre nouvelle de services et de logements pour les centres-ville rénovés.

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Charleroi centre ville, un projet de rénovation urbaine parmi les plus important du nord de l’Europe. 500.000 millions d’euros public pour l’équivalent privé (à terme) sur un périmètre de 350 Ha.

Dans le cadre d’une ville comme Charleroi, située au cœur de l’Europe dans une mégalopole territoriale de plus de 35 millions d’habitants (le triangle Paris/Londres/Amsterdam), cette petite ville en plein renouveau nécessite cette réflexion pour ne pas voir le balancier du déséquilibre repartir dans l’autre sens.

L’analyse de la ville d’Indianapolis est intéressante sur ce sujet, car, proche de la grande ville de Chicago et en compétition avec d’autres petites villes comme Saint-Louis, Cincinnati, Columbus, elle se situe dans des conditions similaires à Charleroi.

A . RENN montre que la croissance de l’emploi dans le secteur privé n’a pas suivi le boom des appartements excepté dans le secteur technologique, mais lié à une Strat Up (Exact Target) spécifique … qui fut rachetée récemment pour 1,5 milliard de dollars ! cela reste l’exception et la question se pose si n’importe quelle ville peut attraper une chance chanceuse et faire démarrer une grande entreprise. La vraie question pour Indianapolis est de savoir si elle peut répliquer le succès d’Exact Target / Salesforce et faire évoluer l’industrie au fil du temps.. Cette question pose la question de la stratégie économique de la ville : comment amener des nouvelles start up et espérer que certaines d’entre elles resteront dans la ville.

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Co.Station Bruxelles

Une approche qui ne peut être uniquement résolue par la construction de bureaux en centre-ville, car, même la faible valeur foncière ne peut contrer l’intérêt de la clusterisation économique avec des villes adjacentes comme Bruxelles et Lille. L’exemple du succès immédiat de Co Station en est la preuve. Quelques pistes sont lancées à Charleroi avec le pôle numérique qui vient d’être lancé le long de la Sambre, mais il est bien trop timide que pour apporter une solution globale et équilibrée. Non , la vraie question est la suivante :  les intercommunales, outils de développement économique des villes et territoires en Wallonie ont développé alentour des années 90 des zones de développement industriel et économique dans les zones périphériques des villes. Pour lancer ces projets de nouveaux zonings, ils construisaient « à blanc » et sans locataires prévus des immeubles industriels ou des petits immeubles de bureaux. Une stratégie qui n’est plus mise en œuvre aujourd’hui alors que le redéploiement économique se fait via les centres-villes. On se demande pourquoi? Pourquoi ne pourrait-il pas y avoir des immeubles de bureaux construits par les intercommunales afin de réceptionner de nouveaux besoins ? Certes les investissements semblent risqués et plus lourds que ceux consentis pour les zones périphériques de villes. Toutefois, il en va de la réussite du redéploiement urbain d’une ville comme Charleroi où les pouvoirs publics on déjà investis plus de 500 millions d’euros ! La construction d’un immeuble de 15 à 25 millions d’euros en vaut la peine afin de lancer une dynamique de PME installées en centre-ville. Ces PME qui, espérons-le , grandiront plus vite car installées en ville. Des PME qui peuvent produire à l’extérieure de la ville, dans les zonings, mais qui ont besoin d’une identité forte en centre-ville, pour grandir plus vite et être mieux connectées avec le reste du monde par les transports et les échanges dans les brasseries, etc.

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L’Aéropôle de Charleroi (sur la gauche l’aéroport Brussel South Charleroi Airport). pour initier ce type de zone économique, les intercommunales construises à blanc. Pourquoi pas également dans les centre ville?

Inspirons-nous de ceux qui ont pris de l’avance sur nous et ne commettons pas les erreurs des autres. Les centres-villes des petites villes doivent être mixtes, une mixité qui ne viendra pas des grandes entreprises qui ne s’installeront plus dans les petits centres-villes. C’est pour cette raison que les PME doivent être privilégiées, car elles ont potentiellement tout d’une grande entreprise de demain dans le changement de paradigme économique numérique.

L’article qui nous a inspiré la réflexion : Le prochain grand défi pour les petits centres-villes

 

Pascal Simoens

Urbaniste et Architecte, Data Scientist

 

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