WITH THE CLIMATE CHANGE OPPOSITION, TRUMP WILL REINFORCE THE DIFFERENCE BETWEEN URBAN INHABITANTS AND COUNTRY INWONERS.

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WTC, NY, june 207. Protest in green, source : yahoo.com

Voilà, c’est fait, le nouveau président des États-Unis a appliqué son programme : « Fuck the Planet, America’s first ! Serait-ce si simple ? En partie oui, mais dans l’article suivant, nous allons nuancer les propos et, surtout, démontrer une évolution significative des enjeux entre la campagne et les villes.

Tout d’abord, il nous somme important de recontextualiser la situation américaine et, surtout, ce que les Américains pensent du changement climatique. Les cartes publiées par le NY Times nous montrent un pays pleinement conscient des risques et des enjeux du changement climatique. Ces données, réputées sérieuses (source : Yale Program on Climate Change Communication) nous montre une Amérique divisée : d’une par les Américains ne sont pas climatosceptiques, d’autre part, ils considèrent que l’impact du changement climatique ne les toucheront pas ou peu. Sur ce dernier point, la nuance est également de taille : ce sont essentiellement les habitants des plaines (Middle West jusqu’aux montagnes Rocheuses) qui ne se sentent pas concernés au contraire des zones côtières… qui regroupent également la plus forte concentration de population.

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densité de population aux E-U, source : inconnue.

Y aurait-il donc une corrélation entre la faible densité des populations et le rejet des causes climatiques humaines ? Sommes toute, ce n’est pas si absurde que cela, car en règle générale, les habitants des villes consomment plus (énergies, espace, déplacements, etc.) que les ruraux. Par ailleurs, pouvons-nous corréler cela à d’autres pays ? En Europe, et plus singulièrement en France, il fut très longtemps question de la diagonale du vide, rejoignant les Pyrénées aux Ardennes et décrivant cette diagonale comme étant un espace de désertification et corrélé dans les actes de votes plus orientés vers l’extrême droite que dans les villes. Une analyse qui a diamétralement évolué entre les élections régionales de 2010 et l’élection présidentielle de 2017. En effet, la diagonale s’est transformée en « effet de frontière » : l’ensemble des territoires à 200 km d’une frontière a voté massivement pour le parti extrémiste français… qui n’a pas de programme écologique. La France se divise donc en 2 mais l’analyse détaillée des communes montre que les urbains, même pour des petites municipalités comme Maubeuge, sont contre les extrêmes alors que les ruraux sont plus marqués vers la droite extrême.

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progression du FN aux différentes élections françaises, 2017, source : France Info.

Alors, revenons à nos Américains !

La contre réaction immédiate des villes contre la décision de Trump nous semble assez significative et portée par le maire de Pittsburgh, Bill PEDUTO (démocrate) et qui précise : « C’est maintenant aux villes de prendre les rênes ». Au-delà du jeu politique où d’une part, les responsables politiques savent qu’ils peuvent attaquer le président Trump sans grand risque électoral (puisque la grande majorité des Américains sont pour des actions pour ralentir le changement climatique cfr supra) et d’autre part, Trump brosse dans le sens du poil sa base électorale populaire et conservatrice.

Toutefois, l’enjeu me semble se trouver ailleurs dans une dichotomie de plus en plus marquée entre le monde urbain, connecté, instruit, ouvert et le monde rural plus conservateur, moins connecté, etc. Cette différence est de plus en plus marquante et est renforcée par le développement des technologies numériques qui, par définition, ne peuvent couvrir l’ensemble des territoires et crée donc de nombreuses nouvelles inégalités. Une situation qui développe des différentiels territoriaux majeurs qui seront demain la source de conflits digne du moyen-âge, entre les villes sécurisées et les campagnes dangereuses. Un moyen-âge décrit par Alain Minc (le nouveau moyen-âge, Gallimard, Paris, 1994) et qui précise la réémergence communautariste lié aux phénomènes conjugués de l’urbain et des technologiques.

Le paradoxe, c’est que pour améliorer l’efficience énergétique de ces villes et territoires, les outils numériques sont une condition nécessaire et obligatoire. Or, les habitants des campagnes n’ont que difficilement accès à ces technologies dues à un mauvais accès à l’information et la faiblesse des réseaux : le Big Data sauveur des villes écologiques en mutation ne passera pas chez eux. Ils sont donc deux fois laissés pour compte. Un ressenti qui transparait dans l’interview de CNN (Female coal miners react to Trump’s decision on climate deal, Khusbu Shah et Martin Savidge, @CNNMoney) datant du 1er juin 2017 et relatant le point de vue de 4 femmes issues et travaillant dans le monde des mines. Si elles reconnaissent que le changement climatique est un fait et qu’il faut agir pour l’avenir, elles sont beaucoup moins enclines à trouver des solutions équilibrées pour y arriver : « I am not a climate change denier. I do believe we certainly have an impact. But I think we can lessen that in a responsible way that doesn’t… put entire groups of people out of work, ». Mieux, elles sont convaincues qu’elles vont devoir changer de job et que ce sera plus durable pour elles, toutefois, elles ne peuvent se résoudre à blâmer Trump… et plus elles sont jeunes, plus elles le supportent. Les mêmes jeunes générations hyperconnectées… sauf dans les milieux ruraux du fond du Wyoming.

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The Wall… Source : http://www.lci.fr/international/mur-entre-le-mexique-et-les-etats-unis-pourquoi-cela-pourrait-coincer-pour-donald-trump-2023635.html

Pour conclure, il nous semble important de relativiser les enjeux climatiques de la décision de Trump à sortir de la COP21. En effet, les É.-U. restent un territoire d’innovation et la capacité au changement des Américains est bien plus grande que celle des Européens. Ils feront en 10ce que nous mettons à faire en 25 ans. En outre, l’économie durable devient un enjeu à part entière et reconnut par tous pour contrebalancer l’économie « on line ». Néanmoins, cette décision et, surtout les réactions qui ont suivi, montrent que l’enjeu est tant social que territorial face aux villes qui deviennent de plus en plus puissantes et laisseront de plus en plus de ruraux sur le carreau. Dans un monde où l’information circule en temps réel, cela ouvre des perspectives d’insurrection incompatibles avec les enjeux des économies courtes, circulaires et locales. Or, sans cela, les villes ne seront pas durables et ce n’est pas les serres urbaines, fortes consommatrices d’espace et d’énergie, qui régleront le problème.

En substance, devrons-nous reconstruire des murs ?

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