
La ville de Londres est une ville qui a toujours été sensible aux inondations, liant la convergence entre les marées et le bassin versant de la Tamise. Les dernières crues de février 2014 ne me démentiront pas à ce sujet.

Jusqu’à aujourd’hui, le travail des ingénieurs a toujours été le développement d’infrastructures lourdes, telle la célèbre « Barrier » qui protège le centre-ville des hautes marrées avec pour conséquence l’augmentation des risques d’inondations en périphérie, tant dans l’amont que l’aval de la vallée.

Toutefois, depuis une dizaine d’année, le problème a été pris différemment avec une réflexion plus résiliente et l’objet de cet article est de mettre en avant l’une des premières grandes réalisations dans l’Est londonien: la remise en forme des marais de la vallée de la Léa, un affluent de la Tamise. Le projet sera complètement finalisé en 2017 mais les prémices de cette nouvelle approche plus symbiotique est déjà clairement visible dans le paysage et les usages urbains.

La Léa est une rivière reliant Luton à Stratford, passant par Cheshunt et Harlow, tout en traversant le Lee Valley Régional Park Authority. Au 18eme siècle, elle devient un canal de transport des marchandises, et plus encore, au moment de l’explosion industrielle de l’Angleterre. Dans les années 70, ce territoire mute et voit apparaitre les friches industrielles comme dans bien d’autres territoires européens ayant suivi le même développement. Enfin, la dernière partie de l’histoire est intéressante, avec la conjonction de la création des aménagements paysagers d’accompagnement de la gestion des crues et impulsé plus largement par la création du site olympique de Londres 2012 : l’arrivée d’une population nantie sur ces territoires oubliés par renaissant grâce à une qualité paysagère reliant au retour à la première nature de la vallée.
Plusieurs réflexions sont à porter sur ce projet :
- La résilience urbaine démontre toute sa pertinence sur des grandes structures urbaines telles que le Grand Londres. En effet, force est de constater que l’ingénierie n’est pas suffisant pour répondre aux risques, qui plus est au vu des changements climatiques et de l’augmentation des phénomènes climatiques de plus en plus extrêmes. Cette approche symbiotique et systémique est donc devenue une nécessité, liant des barrages à des aménagements plus doux et en lien avec l’histoire du lieu.
- La résilience urbaine est aussi liée à la question du retournement symbolique d’un territoire: après avoir avili le territoire, c’est le territoire qui reprend sa revanche… démontrant peut-être les excès d’une époque révolue, tant sur la consommation du territoire que son usage.

- Cette nouvelle approche n’est pas incompatible avec la densification des villes, puisque pour le projet concerné, c’est plus de 2.000 logements nouveaux qui seront construits en complément des réaménagements.
- La résilience hydraulique, faisant la part belle à la récupération des marais comme bassins de régulation des eaux de débordement, crée un paysage de grande qualité qui amène aussi une mutation sociologique. La valeur foncière du territoire change grâce à ce « retour aux origines »… une mutation qui pose question par le phénomène de gentrification engendré.

En conclusion, ce type de projet est exemplaire du contexte urbain actuel et appliqué/pensé aujourd’hui dans de nombreux pays et va probablement s’accélérer dans les décennies à venir, toutes échelles confondues (ilot, quartier, ville, territoires ou agglomérations). A cette échelle de territoire, Il démontre aussi que l’Angleterre a une culture du paysage extraordinaire, capable de refaire rentrer la nature dans la ville.
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