
Au Danemark, Un projet de SmartCities intégrant la question de la gestion de l’éclairage public suit son cours, c’est le projet DOLL Outdoor Lighting
Sur papier, ce projet est plus que séduisant : comment gérer l’éclairage public pour le rendre le plus efficace possible? D’une part, répondre aux questions de sécurité publique (bien éclairer là où c’est nécessaire et au bon moment) mais aussi gérer la consommation d’énergie… pour ne pas éclairer les mouches!
En fin de compte, c’est ce dont rêve tout responsable technique de sa ville : mieux et moins cher. Pour atteindre cet objectif, les vilains poteaux en acier supportant les lampes à Mercure ou au Sodium deviennent des méga-capteurs sensitifs : météo, intensité de passage, intensité lumineuse, mouvements, etc. C’est d’autant plus simple que ces poteaux séculaires et communs de tous, sont déjà prévus pour transporter l’électricité. Il suffit donc de mettre quelques petits senseurs et les brancher.
Un projet de ce type a été mis en œuvre voici 3 ou 4 ans dans les bois du nord d’Anvers et reliant les quartiers bourgeois à la ville. Une vélo-route fut créée mais la question de l’éclairage de nuit de cette route s’est vite posée pour deux raisons fondamentales : l’éclairage est une nécessité de sécurité (et donc de succès) de l’usage de cette route à travers les bois sur une petite dizaine de kilomètres. Par ailleurs, l’éclairage de la vélo-route pose des problèmes environnementaux liés à la pollution nocturne. La solution fut trouvée avec la création d’un couloir lumineux suivant les cyclistes le long de leur parcours : 200 m devant eux et 100 m derrière eux. Les ingénieurs avaient trouvé la solution pour concilier le meilleur des deux mondes.

Mais sous-jacent cette évolution technologique se pose la question sociétale du contrôle de l’individu.
En effet, dès qu’un ensemble de capteurs répondent à un programme (par exemple éclairer plus car il y a un groupement de personnes sur le carrefour), ce même programme peut envoyer ces informations à n’importe quel serveur, entre autre, la police.
Ainsi, à partir d’une simple question d’optimalisation à travers l’éclairage d’une ville et grâce aux nouvelles technologies et le traitement de l’information, on se retrouve à maîtrise les mouvements dans cette même ville.
« Big Brother is Watching You »
Certes, certains me diront que si on n’a rien à se faire reprocher, ce n’est pas un problème… Mais ce serait oublier que tout homme a besoin de se faire oublier pour connaître lui-même les limites du bien et du mal. En ce sens, imaginons l’expérience d’un attroupement le long d’une voirie : 1, 2, 5, 10 personnes. Personne ne sait quelles peuvent être les bonnes ou mauvaises raisons de cet attroupement. Toutefois, si a chaque fois qu’un attroupement de 10 personnes apparait en rue, la police vient faire une patrouille, à force, l’Homme trouvera une autre solution pour se réunir. Telle la série Almost Human démontra excellemment mes mesures technologiques de la police en 2048 et… les contre-mesures élaborées pour contrer celles-ci. Soit un abyme sans fin.

Cette question pose le paradigme sous-jacent de l’intérêt d’avoir encore de la politique alors que la technologie nous permet de plus en plus au quotidien de prédire l’avenir, imminent ou plus lointain. Pourtant, la politique est constitutive de la société humaine, voir identitaire.
Vous voyez donc que d’une simple expérience de SmartCities, se pose des questions existentielle de notre avenir en société.
Inspiré librement d’un article sur BLDG BLOG