Au titre d’urbaniste et d’architecte, je devrais vous répondre « NON »… mais pourtant, les choses ne sont pas si simples ! En effet, l’exemple du projet MINECRAFT dans le Queensland (Australie) tenterait à nous démontrer le contraire.
Explications : Le Conseil de la Sunshine Coast en Australie libère 60 Ha et la société Minecraft (également installée là-bas et spécialiste des jeux vidéo) propose que chacun d’entre nous puisse élaborer un nouveau quartier au travers de leur logiciel de jeu. Logiciel qui est adapté pour l’occasion avec les paramètres de contraintes réelles et nécessaire à toutes constructions nouvelles.
Sur le papier, cette démarche est intéressante et nous renvoie à la question de la participation citoyenne dans le cadre de la conception de nouveaux quartiers et d’opérations urbaines. Sur ce blog j’en avais déjà parlé, entre autre, sur des opérations pilotes à Paris. C’est d’ailleurs cet argument qui est utilisé avec enthousiasme par les développeurs pour valoriser cette expérience.
Toutefois, il faut raison garder pour plusieurs points :
- Le premier est culturel : si chacun d’entre nous peut émettre un avis sur ce dont il a besoin pour que la ville ou le quartier répondre à ses besoins, cela ne créé par pour autant de l’urbanité. De l’urbanité qui fait qu’on se sent bien dans une ville ou pas : ce petit supplément d’âme qui est donné par les concepteurs-urbanistes au même titre qu’une œuvre d’art…
- Le second est factuel : à partir du moment où le projet est basé sur des paramètres que le concepteur ne peut modifier (et ne sait pas comment le modifier), plus aucune innovation n’est possible ! Or, la conception des villes de demain nécessite plus qu’à tout autre moment de l’histoire humaine, une approche innovante pour répondre aux défis nécessaires à la résilience territoriale pour affronter les changements économiques, démographiques, écologiques que notre planète subira dans les 100 prochaines années à venir.
En conclusion, mon intention n’est pas de rejeter ce type d’approche qui est didactique pour le commun des mortels mais en aucune manière un système aussi complexe que la ville ne peut être paramétrable en tant que telle. De ce fait, ce type d’expérience reste soit un leurre, soit la reproduction de villes déjà préexistantes, ce qui serait une nouvelle forme de conservatisme mal placé.
Via : StartUp Smart