RE-blog : Intelligence artificielle : « ChatGPT aggrave considérablement la fracture numérique »

source : https://en.softonic.com/

Temps de lecture : 5 minutes (avec l’article orignal)
mots-clés : IA, ChatGPT, NLP, enseignement

Chers lecteurs,

Pour rappel, le « re-blog » est un article reprenant un article développé par un autre auteur et pour lequel nous publions un commentaire. Aujourd’hui, nous reprenons l’article de Raphaël Maurel, juriste et auteur de l’article sur ChatGPT paru dans Le Monde ce 21 avril 2023.

L’auteur se pose de nombreuses questions qui partent dans tous les sens, entre autres l’impact écologique important de ChatGPT, ce qui est une réalité, mais qui l’a toujours été pour toute nouvelle technologie qui ensuite optimise son efficacité. Pensez à votre premier smartphone : vous deviez le recharger tous les jours parce que vous lisiez vos mails. Aujourd’hui, vous devez toujours le recharger tous les jours, mais en plus de lire vos mails, vous l’utilisez comme GPS, photographiez le monde et encore plein d’autres choses en plus. C’est de l’optimisation énergétique : soit faire plus avec la même énergie ou faire autant avec beaucoup moins d’énergie.

Extrait du travail réalisé par des étudiants de notre atelier D(a)T+A intégrant l’utilisation de ChatGPT 3.5 et MidJourney.

Revenons au fond et au titre de l’article : la question de la fracture numérique.

Cette question se pose également dans le contexte de l’expérience que nous menons actuellement avec nos étudiants en master d’architecture et qui utilise ChatGPT et MidJourney pour l’élaboration de leurs concepts. Avec nos collègues nous sommes confrontés à des étudiants en manque de vocabulaire, tant de bases (issu des humanités générales, collège et Lycée en France), mais également du manque de construction d’une grammaire architecturale construite tout au long de l’enseignement universitaire. De fait, lorsqu’un étudiant est dans l’incapacité de formuler une phrase correcte avec les mots techniques adéquats, il est difficile de faire passer une idée auprès des outils numériques qui demandent de la précision avec un vocabulaire haché à la serpe. Et les correcteurs d’orthographes n’aident en rien, au contraire, ils ont peu à peu rendu les étudiants fainéants dans l’apprentissage de la sémantique et l’ontologie du vocabulaire.

Voici un simple exemple vécu :

  • Moi : pouvez-vous me décrire cette façade ?
  • L’étudiant : C’est une façade avec 3 fenêtres et entre les fenêtres, les murs sont en couleurs et alternés de pierres.
  • M : comment appelle-t-on ces murs ?
  • E : ?????
  • M : un trumeau, il est badigeonné avec des pierres enchâssées sur le pourtour des fenêtres.

Pourquoi est-ce important ?

exemple de projet réalisé avec l’IA générative MidJourney (source : Deezen)

La force du vocabulaire est la précision de ce qui est énoncé. Pour une IA générative, plus le vocabulaire est précis et la syntaxe appropriée, mieux il vous répondra … sans l’approximation dont parle l’auteur dans son article. Toutefois, reconnaissons-le : il faut être éduqué pour bien lire et écrire. Cela pose alors deux questions :

  • Le premier est de comprendre que les enseignements, à quels niveaux que ce soit, doivent être repensés et adaptés à ces nouveaux outils. Il n’est pas question ici de reformuler tous les programmes, mais probablement de tirer l’attention sur l’importance d’éléments qui sont essentiels à la base (lire et écrire) … et encore plus aujourd’hui.
  • Le second est de renforcer les compétences ontologiques d’écriture et de lecture, car si des outils existent déjà pour traduire les textes entre des IA (de chatGPT vers MidJourney, par exemple) et si l’utilisation d’un traducteur n’est pas un problème en soi et même une forme d’intelligence pour que la traduction soit efficace, il faut que le texte initial soit le meilleur possible. Dans l’autre cas, l’accumulation des biais amènera inévitablement à des réponses erronées et donc ratera l’objectif et l’intérêt de l’outil.  Un peu comme un ouvrier ne sachant pas utiliser ses outils… faute de formation pour le faire. On imagine la suite.

Lorsque l’auteur parle de cette fracture, il nous semble important de mieux la définir : initialement, la fracture était générationnelle et financière, ensuite, elle s’est diluée dans les technos/anti-technos. Aujourd’hui, les IA génératives créent de nouvelles fractures : la fracture de l’intelligence, car écrire un mail est une chose, écrire un texte précis avec un vocabulaire riche nécessite non seulement une bonne formation, mais aussi une large culture et une très bonne mémoire pour jongler avec ce vocabulaire.

Finalement, les IA génératives perpétuent à nouveau la même règle : toute nouvelle technologie de masse crée des ruptures, et ces ruptures créent des fractures sociales. Il serait donc déjà temps que les responsables politiques prennent la question en main, non pas pour l’interdire (ce qui est impossible), mais bien l’accompagner.

Merci pour le suivi de notre blog-à-idées ou à réflexions, c’est toujours agréable d’être lu et vous êtes de plus en plus nombreux (+ de 1.000 par mois en, moyenne). N’hésitez pas à commenter, c’est aussi une place de débats. Et surtout, merci de partager si vous soutenez nos réflexions ou recherches.

Pascal SIMOENS Architecte et urbaniste, data Scientist. Expert Smart Cities. J’ai commencé ma vie en construisant des villes en Lego, j’en ai fait mon métier. Geek invétéré, aujourd’hui je joins mes passions du numérique et de la ville au travers d’une expertise smart Cities et smart buildings en travaillant en bureau d’étude (Poly-Tech Engineering) et j’enseigne cette même expertise à l’UMONS et l’ULB.

This post is licensed under a Creative Commons Attribution-NonCommercial 4.0 International License.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s