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mots-clés : Pont des trous, Tournai, patrimoine, Région wallonne, influenceurs, architecture, débats
La semaine du 10 avril 2023, le Pont des trous situé à Tournai a été inauguré par le ministre de tutelle, Philippe Henry. Tout le monde semble se réjouir de l’étape décisive pour permettre le passage des péniches à grand gabarit (4.000 T, V 5a) dans la cité médiévale pour relier Paris et Gand-Anvers lorsque le canal Seine Nord sera en activité.
Ce pont n’a plus rien de réel, déjà détruit par les anglais lors de l’invasion allemande en 1940. Sa reconstruction d’après-guerre fut déjà l’occasion de l’adapter aux nouvelles normes de largueur des bateaux. Rien de neuf donc aujourd’hui avec cette Xème mouture transformée. Mais saviez-vous qu’initialement, ce n’était pas du tout ce projet qui était proposée ? Qu’une concertation avait été menée par les services des voies hydrauliques pour proposer une version contemporaine ? que cette sélection par ateliers avait été soumise à un référendum dont la ville de Paris serait jalouse ?
Si toutes ces questions vous Tease, je vous propose la lecture d’un article que j’a rédigé pour un colloque « la fabrique de la participation culturelle : plateformes numériques et enjeux démocratiques », 30 novembre et 1er décembre 2020à l’université Paris Nanterre, sous la direction de Marta Severo.
Je vous convie, ci-dessous à lire ma contribution qui permet de mieux comprendre comment on est arrivé à ce projet qui transgresse toutes les règles du patrimoine (UNESCO, réglementation wallonne, …). Bonne lecture.
Analyse des rapports d’influences des acteurs par l’usage de la plateforme socionumérique Facebook dans le cadre de la sauvegarde du Pont des Trous à Tournai

INTRODUCTION
Notre recherche est basée sur une analyse ontologique des espaces publics à travers les actions des acteurs des PSN. Une approche qui renvoie aux fondements de la théorie de l’information éditée par C. Shannon en 1948 et complétée par la définition de la cybernétique et la communication par N. Weiner en 1954. Ce dernier résume ces questions par le fait qu’aucune théorie de la communication ne peut évidemment éviter le problème du langage, complété plus récemment par l’analyse de T. Paquot (2005) qui, se référant à l’œuvre poétique de G. Bachelard et son analyse de l’habiter la ville, décrit le rapport à la ville habitée à travers la volonté de nommer les choses qui nous entourent, nos sentiments, nos ressentis, ses colères, en d’autres termes on habite sa langue. Nous posons l’hypothèse que le langage, au travers de ses formes plurielle sur les PSN, est un flux d’informations précieux pour l’analyse et la conduite des projets urbains car présentant une lecture intime des habitants et leur ville. Toutefois, la question entropique soulevée par la théorie de l’information est un obstacle important qui doit être appréhendé par les chercheurs pour éviter de nombreux biais. Nous nous appuyons sur le travail de M. Ferraris et son ontologie du mobile au travers de l’intentionnalité des écritures numériques mettant en évidence l’approche meinongienne des objets intentionnels que les individus développent avec les PSN. Une méthode s’appuyant sur l’expertise sensible de la maitrise d’œuvre que les machines, aussi performantes soient-elles, n’atteignent pas encore avec le deep learning. Cet article est aussi l’occasion de montrer que les experts de la ville, pour autant qu’ils puissent s’approprier de nouvelles méthodes d’analyses urbaines qui intègrent des données telles que les PSN, ont encore de belles cartes à proposer dans un jeux urbain de plus en plus complexe sans pour autant mettre en œuvre des programmes complexes.
QUESTIONS THÉORIQUES
Notre analyse se base sur une approche développée dans notre recherche de thèse partant du postulat que les sources de données issues des PSN sont des outils de compréhension des enjeux urbains. Une approche spécifique qui se situe par la définition de la valeur qui peut être donnée à des textes écrits sans pour autant négliger les biais inhérents à ce type de média. Ici, nous compilons l’ensemble des nouvelles postées sur les pages FB en lien avec le projet en évaluant le poids des mots au travers des liens et récurrences sémantiques de chaque post. Dans un contexte aussi combatif que celui du sujet, la nuance des mots renforce le sens, plaçant les PSN dans un champ d’analyse sémantique souvent délaissé par les acteurs de la ville. Dans ce contexte, notre article fait le lien entre des données sémantiques et leur interprétation constitutive de nouvelles connaissances (PECAUD, 2013). Pour l’exercice du Pont des Trous, nous tendons à démontrer le poids des mots et de l’influence des outils numériques pour faire infléchir le choix des experts et des administrations vers un choix scientifiquement plus contestable, mais plus juste face à l’affectif. Pour étayer ce regard sur la valeur des expressions libérées sur les plateformes numériques, nous nous appuyons sur la démarche liant l’expression et l’identité des acteurs dans le cadre de la PSN, au titre d’influenceurs dans un contexte où le numérique met en exégèse les notions d’identités coconstruites et négociées entre les inter actants (GOFFMAN, 1974). Parallèlement, M. Douehi (2015) précise qu’aujourd’hui, on retrouve des problématiques et des façons d’être sur le réseau qui se rapprochent plutôt de l’acte de présence. La place de l’espace de négociation du projet urbain n’est donc plus essentiellement faite de la présence des acteurs sur le terrain, mais tout autant au travers des nouveaux modes d’expressions publiques que sont les PSN. Parallèlement, A. Coutant relève que le rôle de l’écriture est de constituer, avec tout ce que la lecture a constitué, un « corps ». Suivant cette démarche théorique, nous définissons la PSN Facebook comme outil de décuplement de l’identité singulière de celui qui écrit sur une page alors qu’elle semble défendre une vision partagée. Un biais personnel relevé par S. Livingstone et al. (2008) précisant, entre autres, qu’internet offre des possibilités de communication plus variée, plus intime et plus authentique. C’est la définition d’influenceur sur les PSN qui sont devenues des lieux privilégiés de gestion des relations sociales (BAYM, 2010) et d’autant plus efficace que l’engagement personnel est avéré. Le lien entre la force des influenceurs dans le débat urbain est nouveau et encore peu évalué. L’une des raisons est probablement la dichotomie entre la reconnaissance de l’intérêt des PSN dans les nouveaux processus de participation citoyenne alors que cette forme d’individualité collective correspond difficilement aux approches analytiques des participations citoyennes telles que défendues dans les années 1970 et au-delà. La littérature scientifique ne s’est pas encore attachée à analyser l’impact d’une page ou d’un profil sur la manière dont ils influencent les lecteurs ou les décisions sur un territoire, ce qui fut le cas pour le Pont des Trous. Pour nous extirper de cette situation, nous nous sommes appuyés sur la démarche de Miles et Huberman (2013) définissant les trois étapes classiques de la recherche qualitative : la réduction des données, la condensation et la présentation de ces données (BLAIS & MARTINEAU, 2006). La réduction des données est liée au choix d’une seule plateforme après analyse des mots-clés. Ils sont sériés au travers de la sélection d’un épi phénomène dans le temps et l’action. La condensation relève de l’analyse sémantique des influenceurs, des enjeux et jeux d’acteurs et leurs conséquences sur le terrain, IRL.

MISE EN CONTEXTE DES TEMPORALITÉS ET DES FAITS
Il apparait judicieux de définir l’approche patrimoniale et scientifique sur ce projet. Le Pont des trous est une des dernières portes d’eau en Europe. Le bâtiment historique a été maintes fois remanié à travers le temps jusqu’à sa destruction en 1940 par les Anglais. L’après-guerre a vu sa reconstruction visuellement à l’identique (1947) avec une structure en béton armé, parée de moellons, aux arches élargies et tours rehaussées de 2,40 m pour le passage des péniches. Une situation qui justifie son inscription tardive sur la liste des monuments classés (1991). Ce patrimoine complète l’identité visuelle de la ville de Tournai avec son beffroi et la cathédrale roman et gothique, tous deux patrimoines de l’UNESCO. Dans le cadre du projet Seine-Escaut, la question patrimoniale s’est posée comme suit : la porte est classée et son historicité est sommaire : seules les deux tours latérales de la porte sont des bâtiments pouvant certifier de la primogénèse du lieu fortifié. Selon la Charte de Venise (1974), un nouvel élargissement des arches existantes pour répondre au gabarit Va n’avait que peu de sens historique. En outre, peu de documents pouvaient définir les plans exacts de la porte initiale. Pour ces raisons, la solution d’une nouvelle arche contemporaine unique au monde (Notélé, 2016) s’est imposée oubliant au passage l’enjeu social du déracinement visuel par la destruction d’un des 3 symboles de la ville. Ce projet s’inscrit plus largement dans le cadre du projet Seine Nord. L’objectif est la mise à gabarit Va (2.000 T) (DGO, Région wallonne, 2020) et la traversée de l’Escaut à Tournai est un des éléments sensibles nécessitant la démolition-reconstruction de la porte.
En 2011, l’incidence environnementale pour la mise à gabarit de la traversée du fleuve est mise à l’enquête publique et 3 ans plus tard, un permis global incluant l’ensemble des aménagements est déposé pour autorisations. Les opposants à la démolition du Pont des Trous se lancent dans le combat avec la création d’un page FB le 6 novembre 2013. En 2015, la ville lance une consultation populaire rencontrant un certain succès (taux de participation de 16,42%) et découle la mise en place d’ateliers participatifs organisés dans les règles de l’art : une proposition issue desdits ateliers est approuvée mi-2016 avec une dépose d’autorisation mi-2018. Cette étape lance la seconde salve des opposants au projets, toujours aussi déterminés et suggérant un risque de déclassement UNESCO de la cathédrale. Le comité de défense lance 2 pétitions. Alors que la première en 2013 n’avait rencontré la signature que de 3.336 personnes, la seconde en 2019 comptabilise plus de 5.000 adhérents en quelques semaines pour atteindre finalement 21.694 signatures issues de toute l’Europe début 2020. De nombreux articles dans les médias (France, Royaume-Uni, Italie…) accompagnent ce mouvement qui atteint son paroxysme avec la déconstruction du pont le 2 août 2019 alors que le choix de la solution de reconstruction n’est pas arrêté. Finalement, c’est en janvier 2020 que la solution de compromis est présentée et approuvée, apaisant les détracteurs des solutions initialement présentées. La proposition d’une reconstruction visuellement apparente à la situation préexistante est sélectionnée, faisant au passage couler la proposition issue des ateliers participatifs.

MODES D’ANALYSE DE LA PLATEFORME FACEBOOK ET SES INFLUENCEURS
Nous nous sommes basés sur les post sur Facebook, liant images, texte et commentaires. Les groupes fermés ont été exclus. Nous nous sommes d’abord basés sur la recherche par mots-clés pour capter les pages, sériés par les récurrences dans les médias. Le constat est une récurrence limitée à quelques mots tels #pontdestrous, #tournai, #patrimoine, #protection. Une présence tout au long de l’analyse débutant en 2013 et récurrents dans de nombreux post complété de quelques épiphénomènes sur des périodes charnières telle que les 3 pétitions (#pétition) ou encontre la participation citoyenne (#participation) ou l’évocation de l’intervention de l’ICOMOS (#icomos).

Tableau 1 : mots-clés répertoriées selon leur occurrence dans le cadre de l’analyse des PSN Facebook et twitter, analyse de 2013 à 2019
Nous avons ensuite travaillé en 3 étapes successives : une première étape consistait en la lecture des articles de médias liés au sujet concerné nous permettant d’évaluer la liste des acteurs. Cette liste nous a permis de considérer 3 acteurs principaux : la ville de Tournai (le territoire où se passe l’action), la Région wallonne (la maitrise d’ouvrage), les associations patrimoniales locales. La deuxième étape consista à l’analyse des publications des acteurs, ce qui permit d’alimenter l’analyse sur les rapports de forces constatés au travers de l’activité des publications et leur capacité d’influence. Nous avons décidé d’analyser l’influence d’un acteur en particulier et dont la page s’appelle Préservons l’identité du Pont des Trous, Monument emblématique de Tournai. Cette page fut créée le 6 novembre 2013, et son auteur a produit pas moins de 1.900 post sur une période de 66 mois, soit presque 1 post/jour.

Tableau 2 Recensement des post publiés sur la page Facebook analysée dans le cadre du combat de la protection du pont des Trous à Tournai. (x) données non disponibles.
L’analyse des 7 années, de 2013 à 2020, nous a permis de constater que la ville de Tournai ne s’est engagée à communiquer que très tardivement, au moment du lancement de la consultation populaire (2015), poussée par les associations patrimoniales depuis 2013 (635 post dont 587 publications pour la page dédiée à la cause). La lecture des médias démontre une position attentiste, renvoyant l’action à la maîtrise d’ouvrage qui ne communiqua que très tardivement (26/09/2017) en créant une page FB sous la forme d’une « gazette des chantiers » et un site internet qui fut une coquille vide jusqu’en 2019. Les citoyens se sont quant à eux approprié rapidement les outils des PSN, basés sur des pages déjà actives , méthode habituelle pour les associations déjà actives sur le terrain. Toutefois une page, spécialement créée pour la défense du Pont des Trous a attiré notre attention comme modèle d’influence sur la cité et démontrant ainsi la puissance de l’outil numérique comme outil d’influence. La troisième partie d’analyse initiale impliqua une analyse minutieuse, post par post, de la communication entourant la/les pages sur les 7 années de publication. Nous attirons ici l’attention sur la méthode quasi artisanale du processus mais s’inspirant de la méthode algorithmique, telle Cambridge Analytica dont la pertinence est aujourd’hui reconnue. Les algorithmes traitent une quantité gigantesque de données particulièrement dans le cas des PSN et au travers des méthodes de data Learning. L’approche statistique de ces données sont souvent biaisées par la nécessité de sérier un nombre important de données et, selon Barrocas (2016) c’est l’élément ressortant de l’ordinaire qui devient l’objet d’intérêt de l’analyse face à la moyenne. Une méthode peu adaptée à une analyse d’un seul projet et de surcroit d’une petite ville avec un nombre d’habitants relativement faible. Les réponses sont alors généralistes par le mode d’analyse employé à défaut d’avoir une granulométrie des données adéquate (SADIN, 2015). Les biais modifient le modèle par assimilation statistique. Cette approche artisanale de la lecture des PSN peut paraître archaïque, longue et fastidieuse, mais valorise une approche qualitative des analyses des PSN par rapport au modèle algorithmique afin de beaucoup mieux cerner les intentions des influenceurs face au projet urbain, au-delà des mots, incluant la lecture des intentions liées aux influenceurs eux-mêmes qui peuvent participer à une décision politique et par là, impacter l’ensemble des citoyens. Une approche qui tente à démontrer que, sans algorithmes, les réseaux sociaux peuvent aussi être étudiés par les acteurs de la ville pour renforcer leur diagnostic. La mesure des comportements à partir des données d’Internet peut prendre plusieurs postures. Nous nous sommes appuyés ici sur le travail de D. CARDON (2015) qui développe une itération analytique en rapport avec les différentes plateformes socio numériques, utilisant la famille de calcul « dans » et correspondant au principe de réputation. L’auteur de la controverse du Pont des Trous a très bien compris les processus induis par Facebook et s’en est joué par un combat personnel, tel David contre Goliath. L’activité et l’évolution de sa page entre 2013 et 2019 montre le développement de son influence : le site récolte plus de 5.000 likes et abonnements en 2019 avec un panel territorial bien plus large que la région tournaisienne.

JEU DES ACTEURS INSTITUTIONNELS ET CITOYENS
Deux acteurs essentiels sont à retenir : la ville de Tournai et la Région wallonne. Toutes deux délivrent pour partie les autorisations de permis selon leurs attributions. Toutefois, la ville a préféré peu communiquer sur les enjeux alors qu’elle était aux manettes de la gestion participative. La Région wallonne est demandeur de la mise à gabarit du fleuve ainsi que le pouvoir subsidiant. Les acteurs institutionnels ont joué le jeu de la communication traditionnelle sans avoir anticipé un processus résilient et flexible propre aux PSN. Le cœur de notre analyse se porte sur les acteurs citoyens et plus particulièrement de la page FB Préservons l’identité du Pont des Trous, Monument emblématique de Tournai modérée par Pierre-Emmanuel LENFANT, attaché-juriste au sein de la Direction des affaires disciplinaires du Service général de l’Enseignement en FWB. Il est également titulaire d’une maîtrise en archéologie et d’un master recherche en histoire et politique des Musées et du patrimoine artistique de Paris 1 Panthéon Sorbonne. Auteur de plusieurs sites web et pages FB, il maitrise la communication 2.0. L’analyse de ses diverses publications (sites web, pages) démontre un engagement passionnel à travers les questions patrimoniales. Parallèlement, la ville de Tournai est composée d’acteurs et lobbys du patrimoine, nous ne citerons que les 3 plus reconnus : les amis de la cathédrale, les amis de la citadelle de Tournai et la fondation Pasquier Grenier. L’ensemble de ces associations se sont placées en retrait du débat, devant parfois se justifier dans plusieurs communiqués de presse de la Fondation (2015) par une démarche qui respectent la philosophie et les règles de la charte de Venise, mais également dans une action citoyenne. Finalement, la mise sous silence des acteurs citoyens historiques face à la prééminence communicationnelle du lobby de sauvegarde de l’image du pont a biaisé la communication sur l’ensemble des plateformes. Pour preuve d’un certain malaise, on remarque la demande récurrente d’informations objectives par certains utilisateurs de la page FB de ScaldisTournai.eu, le site officiel du projet d’aménagement de l’Escaut à Tournai ou encore une page FB revendiquant la destruction du Pont de Trous à Tournai créé au plus fort de la polémique (Févr. 2019).
ANALYSE SÉMANTIQUE ET ENGAGEMENT COMMUNICATIONNEL

La communication de la page FB pour la préservation de l’identité du Pont des Trous est un exemple de la relation entre le média et le médium (PETAUQUE, 2003). Cette page a permis de transformer une intention informelle en solution patrimoniale scientifiquement acceptable alors que celle-ci est à l’opposé des chartes. D’un point de vue temporel, le basculement advient au moment où l’UNESCO est interpellée au travers de l’alerte patrimoine (2019). La reconnaissance devient implicite par cette démarche et déclenche une avalanche d’articles à l’étranger, plaçant l’acteur de la page au même niveau que les autres acteurs institutionnels. Précisons que l’ICOMOS relate ensuite dans ses comptes-rendus de réunion toute sa confiance dans les démarches menées dans la procédure de la RW. Au même moment (décembre 2019), appuyé par les articles internationaux et une nouvelle pétition contre la seconde demande d’autorisation d’urbanisme, les acteurs de la PSN étudiée sont invités aux discussions avec la seule légitimité d’être présent sur les réseaux sociaux. Finalement, début 2020, le lobby avalise la proposition du ministre en la publiant sur sa page FB. L’action entamée en 2013 est une réussite totale.

DISCUSSION
L’analyse de la communication liée aux PSN dans le cadre de la déconstruction du Pont des Trous à Tournai met en exergue un paradoxe : alors que la participation citoyenne est l’un des piliers de la ville intelligente, force est de constater que tous les citoyens ne sont pas égaux dans l’action participative. La revendication de la participation s’est muée en (en)jeux d’influences. La problématique Top-Down ou Bottom-up soulevée par de nombreux projets de villes intelligentes révèle ici ses limites et nécessite une expertise affinée de tous les acteurs du projet urbain pour accompagner ce processus (GREEN, 2019). Finalement, la solution partagée en ateliers citoyens a été balayée par une reconstitution factice que ni les architectes du patrimoine ni les spécialistes du patrimoine dans les administrations ne peuvent scientifiquement cautionner. Seule l’image « comme avant », un fake bâtiment, prime sur la démarche scientifique. Le paradoxe, c’est que l’ensemble des acteurs, y compris l’ICOMOS s‘est pris au jeu, manipulé par des mots judicieusement utilisés à des moments précis avec Facebook comme outil de diffusion.
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Pascal SIMOENS Architecte et urbaniste, data Scientist. Expert Smart Cities. J’ai commencé ma vie en construisant des villes en Lego, j’en ai fait mon métier. Geek invétéré, aujourd’hui je joins mes passions du numérique et de la ville au travers d’une expertise smart Cities et smart buildings en travaillant en bureau d’étude (Poly-Tech Engineering) et j’enseigne cette même expertise à l’UMONS et l’ULB.
Travaux cités
BAYM, N. K. (2010). Personnal Connections in the digital Age. Cambridge: Polity Press.
BLAIS, M., & MARTINEAU, S. (2006). L’analyse inductive générale : description d’une démarche visant à donner un sens à des données brutes. (A. p. qualitative, Éd.) Recherches qualitatives, 26(2), pp. 1-18. Consulté le 07 25, 2019, sur http://www.recherche-qualitative.qc.ca/Revue.html
GOFFMAN, E. (1974). Les rites d’interaction. Paris: Minuit.
GREEN, B. (2019). The smart enough City : puttng Technology in its place to reclaim our urban future. Londres: The MIT Press.
PECAUD, D. (2013, 02 04). L’explosion des données : chance ou malheur pour la croissance? Consulté le 09 14, 2015, sur http://www.lemonde.fr: http://archives.lesclesdedemain.lemonde.fr/innovation/l-explosion-des-donnees-chance-ou-malheur-pour-la-connaissance-_a-54-2141.html
PETAUQUE, R. T. (2003). Document : forme, signe et médium, les reformulations du numériques. Villeurbanne: STIC-CNRS.
SADIN, E. (2015). La vie Algorithmique. Paris: L’échappée.
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