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mots-clés : Grist, Ecology, climatosceptiques, projets urbains, NIMBY, stratégie, analyse, blogs, PSN
Chers lecteurs,
Pensez-vous qu’il y a encore des climatosceptiques ? Si vous répondez « non », c’est que vous avez vécu sur mars ces derniers mois. Toutefois, après les signaux forts des groupes de personnes qui niaient l’évidence, aujourd’hui, la situation est plus complexe, matérialisée par des signaux faibles, mais plus diffus. C’est ce que décrit l’intéressant article publié sur Grist, plateforme en ligne sur les questions climatiques en Amérique du Nord. Ils expliquent que dans une étude publiée cette semaine dans la revue Nature Scientific Reports, des chercheurs ont constaté que la négation pure et simple de la science est passée de mode. Aujourd’hui, seuls 10 % environ des arguments avancés par les groupes de réflexion conservateurs d’Amérique du Nord remettent en cause le consensus scientifique sur le réchauffement climatique ou remettent en question les modèles et les données. (Pour mémoire, 99,9 % des scientifiques s’accordent à dire que l’activité humaine réchauffe la planète). Au contraire, les arguments les plus courants sont que l’on ne peut tout simplement pas faire confiance aux scientifiques et aux défenseurs du climat, et que les solutions proposées ne fonctionneront pas.
Ils font ainsi référence à l’article Computer-assisted classification of contrarian claims about climate change (Coan, T.G., Boussalis, C., Cook, J. et al. Computer-assisted classification of contrarian claims about climate change. Sci Rep 11, 22320 (2021)) qui traite des métadonnées sémantiques sur les plateformes socionumériques en lien avec les questions climatiques.
Les chercheurs démontrent les nouvelles approches argumentaires : les chercheurs ont constaté que les attaques contre les « solutions climatiques » sont également en hausse. Les personnes qui veulent retarder l’action font souvent valoir que les énergies renouvelables ne peuvent pas remplacer les combustibles fossiles. Ils affirment également que les politiques climatiques vont nuire aux familles de travailleurs, ruiner l’économie et augmenter les prix. En général, ces arguments ne tiennent pas compte du fait que la pollution due à la combustion des combustibles fossiles raccourcit la durée de vie et que les catastrophes liées au climat, telles que les incendies de forêt, les inondations et les vagues de chaleur, ruinent déjà la vie des gens et coutent des milliards.

Ce constat peut également se retrouver dans des modèles d’analyses similaires, entre autres de la création de nouveaux projets urbains d’une certaine ampleur où, quoi qu’il arrive, les habitants seront toujours contre, mais où les stratégies évoluent : avant on était contre tout changement, aujourd’hui on est contre le projet, mais pas le changement… mais les arguments des conditions d’acceptation de ces changements sont tels que finalement ces changements doivent être identiques à l’existant, niant les équations complexes des villes et des acteurs de la construction.
Notre analogie entre les climatosceptiques et les antiprojets initiés par l’expression NIMBY (Not In My Backyard), à la lecture de cet article nord-américain, se reflète par une constante : le rejet de la science et de l’expertise. Ce n’est pas la nécessité de changement qui est remise en cause : les évidences climatiques sont acquises tout comme la nécessité d’avoir des villes qui évoluent dans le temps. La remise en cause est liée aux solutions proposées par les climatologues d’un côté, les architectes et urbanistes de l’autre.
Un dommage collatéral à cette situation est la remise ne cause du discours scientifique durant la pandémie qui ne permet plus de dialogue entre les parties dans un moment où la relativité des décisions et des choix sont les seules possibilités d’avancer…. À vue, il faut bien le concéder des deux côtés.
Ce qui est plus étonnant, c’est que la question du climat aux USA et la désinformation qui s’en suivit est intimement corrélée à la mise en place de groupes politiques conservateurs (2008) qui ont avancé des stratégies de contrepropositions.
Nous constatons également cela dans l’analyse des acteurs contre certains projets urbains et que nous analysons dans notre thèse. Certes, les échelles ne sont pas les mêmes, cependant bien les mécanismes d’actions.
Sans nul doute un sujet à approfondir, le tout état aujourd’hui d’en être conscient.
Merci de votre lecture.
Source de l’article sur Grist : ici
Pascal SIMOENS Architecte et urbaniste, Data Scientist. Expert Smart Cities. J’ai commencé ma vie en construisant des villes en Lego, j’en ai fait mon métier. Geek invétéré, aujourd’hui je joins mes passions du numérique et de la ville au travers d’une expertise smart Cities et smart buildings en travaillant en bureau d’étude (Poly-Tech Engineering) et j’enseigne cette même expertise à l’UMONS et l’ULB.
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