ARTICLES DE VACANCES : Smart buildings et espaces de travail post-covid

The Edge Amsterdam, source photo : lifegate.it

Temps de lecture : 4 minutes
mots-clés : Blog, article, étudiants, Master en développement territorial et urbain, Finalité urbanisme, FAU, UMONS, ULB, smart city

Chers lecteurs,

En cette période de reprise que j’espère toute douce pour vous, entre télétravail et présentiel, entre crainte de la xième vague et pseudoretour à la normale, voici un beau vent de fraicheur que vous offre quelques uns de mes étudiants. Ceux-ci se sont appliqués à rédiger un article de blog sur base d’une thématique qui se limitait à la question d’une application ou un usage/comportement lié à la smart city dans le cadre, respectivement, de mon cours de villes intelligentes en Master à la faculté d’architecture et d’urbanisme de l’université de Mons ainsi que du master en management territorial et urbain, campus de Charleroi et en partenariat avec l’ULB.

Ces textes sont intégralement reproduits ici avec l’accord des étudiants, complété par un commentaire professoral en fin de texte.  

Le premier texte est celui de Camille DELHAYE traitant de la question du changement d’usages par rapport à l’émergence du télétravail massif dans les bureaux et l’apport d’un bâtiment intelligent dans ce contexte nouveau.

J’espère que votre lecture sera agréable.

Introduction

La pandémie mondiale due au Covid-19 a bouleversé notre quotidien. En effet, cela a eu un impact social et économique important dans le monde entier. Cette crise sanitaire a permis de nous rendre compte que nous sommes vulnérables face aux virus. De plus, le coronavirus n’est pas prêt d’être anéanti et ne sera certainement pas le dernier virus dangereux à émerger. Le télétravail sera donc toujours présent dans la vie des employés. De ce fait, l’enjeu majeur des employeurs sera de mettre en place des lieux de travail modulables pour les employés et économiques pour les employeurs. C’est dans ce cadre que le Smart Building entre en jeu. En effet, le but premier du Smart Building est de gérer l’éclairage, la ventilation … en fonction de l’occupation de la pièce dans le but de réaliser des économies.

Au travers d’exemples d’applications, cet article tentera de mettre en avant des solutions proposées quant à l’évolution des lieux de Travail suite à la pandémie de Covid-19, le tout dans le but de créer des espaces de travail agréables, sains et productifs.

Avenir des espaces de Travail

La crise sanitaire que nous traversons depuis mars 2020 a engendré de nombreuses répercussions sur l’économie mondiale et locale ainsi que de nombreux changements dans nos modes de vie, tels que la métamorphose des bureaux (Tremblay, 2020). En effet, suite au premier confinement de mars 2020, de nombreux employeurs et travailleurs ont été contraints de transformer leur maison en bureau. Certes, le télétravail n’a pas été inventé pour convenir aux nouvelles mesures sanitaires, mais son utilisation a fortement augmenté suite à la pandémie (Staels, 2021). Le télétravail a donc permis aux employés de continuer à exercer leurs fonctions tout en restant dans un lieu sain (Escat, Perez-Encinas, & del Mar Alonso-Almeida, 2021).

Cette nouvelle manière de travailler a permis de mettre en avant certains avantages pour les employés. En effet, le travail à domicile permet de diminuer les déplacements jusqu’au lieu de travail et de ce fait, d’être plus présent pour la famille et de diminuer les couts liés aux déplacements domicile/travail. Les avantages ne sont pas uniquement pour les employés. Les employeurs, quant à eux, ont pris conscience qu’ils pouvaient réaliser des économies concernant les couts des lieux de travail. Effectivement, les locaux étant moins utilisés reviennent moins chers et peuvent se permettre d’être de plus petite surface (Staels, 2021). De plus, le télétravail ne nuit pas à la productivité des employés (Tremblay, 2020).

Cependant, le télétravail engendre aussi des inconvénients. Les employés se sentent isolés, car ils n’ont plus de contacts directs avec leurs collègues, plus de discussions spontanées et cela a des effets néfastes sur leur créativité et leur innovation (Staels, 2021). En effet, les lieux de travail, notamment les espaces de Travail, sont une manière de travailler qui offre de la flexibilité, un espace de partage des ressources et une communauté de travail (Escat, Perez-Encinas, & del Mar Alonso-Almeida, 2021). Ces valeurs se perdent au travers du télétravail.

Néanmoins, le télétravail ne compte pas s’arrêter après la crise. En effet, les employés se disent prêts à venir travailler quelques jours par semaine et l’autre partie du temps à domicile. Le mode de travail hybride, qui était de 22% avant la pandémie, passerait à 58% en Belgique (Van Meerbeerck, 2021). C’est pour cela que les employeurs devront repenser leurs locaux afin d’offrir des lieux conviviaux qui mettraient en avant le bien-être sur le lieu de travail et qui seraient avant tout sains (Staels, 2021). Escat M., Perez-Encinas A. et del Mar Alonso-Almeida M. ont imaginé une liste de mesures à mettre en place : une bonne ventilation pour garantir une bonne qualité de l’air, de grandes salles de réunions et des espaces de Travail assez larges permettant de garder les distances de sécurité, des bureaux privés … 

Les espaces de Travail étant des lieux importants pour la créativité et l’innovation, pour la collaboration, pour la culture de l’entreprise et pour le sentiment d’appartenance à l’entreprise ne devraient donc pas disparaitre dans les années à venir (Van Meerbeerck, 2021). Ils devront tous simplement être réaménagés et devront assurer un confort sanitaire. C’est dans cette perspective que la Smart City, et plus particulièrement, le Smart Environment et le Smart Buildings peuvent intervenir dans cette future conception des espaces de Travail.

Le concept de Smart City consiste en l’utilisation du numérique pour améliorer la qualité des services urbains dans une logique de développement durable (Perez-delHoyo, Garcia-Mayor, Mora-Mora, Gilart-Iglesias, & Andujar-Montoya, 2016). Il reprend 6 domaines d’application, dont le Smart Environment. Ce dernier est un concept qui met en avant l’innovation et l’intégration des technologies dans un but de protéger et de gérer au mieux les ressources naturelles (Coulée & Dieuzeide, 2017-2018). Il permet d’utiliser la technologie afin de protéger et de gérer au mieux les ressources environnementales dans le but d’accroitre la durabilité (Neirotti, De Marco, Cagliano, Magano, & Scorrano, 2013). Le Smart Environment est équipé de capteurs, de moteurs et d’éléments informatiques. De ce fait, une multitude d’appareils intelligents travaillent en permanence pour améliorer le confort des individus (Friess & Dr. Herwig, 2016).

Ce concept est composé de 4 enjeux (Deloitte, 2015) :

  • Smart Energy : via des capteurs qui apportent une connaissance en temps réel de la consommation d’énergie dans le but d’améliorer son efficacité (Deloitte, 2015).
  • Smart Buildings : qui manage l’entièreté d’un bâtiment en termes d’éclairage, de ventilation, de rafraichissement … en fonction de l’occupation des salles par exemple, le tout dans le but de réaliser des économies (AMXtalk, 2013).
  • Smart Water : via des moyens permettant de mieux gérer l’eau et de garantir qualité de l’eau (Coulée & Dieuzeide, 2017-2018).
  • Smart Waste : via des solutions qui gèrent au mieux les collectes de déchets (Coulée & Dieuzeide, 2017-2018).

Apllication

Dans cette partie, nous tenterons d’apporter des solutions d’application du Smart Buildings afin de rendre les espaces de Travail postcovid modulables, productifs, créatifs, durables et sains.

Comme dit précédemment, les espaces de Travail doivent se voir comme des lieux agréables pour y travailler. Cependant, si l’éclairage est inadéquat, il peut constituer une source de stress. La lumière naturelle restant le meilleur type d’éclairage pour les bureaux, les employeurs doivent donc mettre en place un type d’éclairage flexible qui s’adapte en fonction de la lumière extérieure. De plus, gérer intelligemment l’éclairage des espaces de Travail permettrait de réaliser des économies (Hamdi, 2015).

Dans cette logique, nous pouvons prendre l’exemple de l’immeuble de bureaux The Edge dans le quartier à Amsterdam. Cet espace de Travail de 40 000m2 a pour but de créer un environnement intuitif, confortable et productif pour les employés. L’immeuble a été imaginé de sorte que les employés n’ont plus de bureaux attitrés, ils peuvent travailler dans n’importe quel espace : cabines de travail, salles de réunions, dans l’atrium … Le bâtiment s’adapte aux préférences des utilisateurs en matière d’éclairage et de chauffage via une application mobile. Cette dernière permet aussi de connaitre l’occupation des lieux (ArchiExpo, sd). Le système permet aux employés de personnaliser l’éclairage et la température de leurs espaces de travail à l’aide d’une application pour smartphone et fournit aux gestionnaires d’immeubles des données en temps réel sur les opérations et les activités. Ces données permettent aux gestionnaires d’installations de maximiser l’efficacité opérationnelle et de réduire l’empreinte CO2 du bâtiment (Interact Office, 2018).

Ensuite, les façades cinétiques permettent de garder un apport lumineux naturel tout en protégeant les espaces intérieurs de la chaleur. En effet, les immeubles de bureaux se veulent ouverts vers l’extérieur afin d’offrir de la lumière naturelle et un cadre agréable aux employés (Fromentin, 2020-2021). Prenons l’exemple de Q1 Headquarters situé à Essen. Sa façade cinétique permet de réduire l’utilisation de la VMC tout en gardant des apports solaires directs. Cette façade est composée de 400 000 lamelles en acier inoxydable. Le système fonctionne via une station météo composée de capteurs et située sur le toit. Elle détecte la position du soleil, mais également l’état de la météo au moment même. Ensuite, elle envoie les données à l’ordinateur qui pilote la rotation des lamelles. Ces dernières peuvent changer de position de 0°, dans ce cas elles sont parallèles à la façade et bloquent le rayonnement direct, à 90°, dans ce cas elles sont perpendiculaires à la façade et laissent la lumière du jour pénétrer (Fernandez Solla, 2010).

Pour finir, la ventilation joue un rôle important dans le bien-être des travailleurs. En effet, si cette dernière est mal placée ou utilisée à mauvais escient, elle entraine des courants d’air froid dans les espaces de travail. De plus, comme dit précédemment, le travail hybride entrainera une occupation variable des lieux. Le système de ventilation a donc besoin de réglage tout au long de la journée en fonction du taux d’occupation. Le système fonctionne via des capteurs qui détectent le nombre de travailleurs dans n’importe quelle partie du bâtiment. Ensuite, ils envoient les données au contrôleur qui adapte la ventilation selon les besoins. Les systèmes de ventilation intelligents peuvent aussi optimiser le climat du bâtiment pour le lendemain en fonction des prévisions météorologiques. Un système de ventilation connecté permettra aux employeurs de réduire la consommation d’énergie du bâtiment. Il se mettra au repos dès que le bâtiment se vide et permet d’avoir une visibilité globale sur l’énergie consommée du bâtiment (Saleem, 2020).

Conclusion

Suite au Covid-19, les espaces de Travail devront être repensés. En effet, le travail hybride, c’est-à-dire de partager son temps de travail entre le bureau et le télétravail, sera de plus en plus présent. Les employeurs devront donc mettre en place des espaces de travail modulables, agréables et sains pour les employés. Le concept de Smart Buildings permet de mettre en œuvre différents dispositifs afin d’ajuster les besoins en éclairage, en ventilation … du bâtiment en fonction de besoins des occupants.

Premièrement, l’éclairage et la température des lieux peuvent être adaptés en fonction de l’envie des employés via une application pour smartphone. Cela génère une ambiance de travail plus agréable. Ensuite, les façades cinétiques connectées à une station météo permettent de créer des ambiances intérieures attrayantes tout en protégeant du soleil. Elles permettent aussi de diminuer l’utilisation de la VMC tout en apportant des apports solaires directs dans les bureaux. Pour finir, la ventilation peut être gérée via des capteurs qui permettent de détecter le nombre de personnes présentes dans le bâtiment. Cela apporte une meilleure gestion de l’énergie et aussi un meilleur cadre de travail.

Cet article reprend essentiellement les aspects techniques de la Smart Buildings. Il existe d’autres dispositifs basés sur l’envie et les besoins des utilisateurs. Ces dispositifs permettent aux employés de gérer eux-mêmes l’éclairage, la luminosité, le bruit … dans les espaces occupés, le tout via des applications mobiles. La Smart Buildings permet donc d’assurer le confort, la sécurité, la fonctionnalité de l’environnement des espaces de travail le tout en intégrant les personnes, le bâtiment et la technologie.

Commentaires

les smart buildings existent depuis de nombreuses années. L’exemple de The Edge à Amsterdam est une forme de Graal du smart building avec une intégration poussée entre les éléments techniques et les usagers. Finalement, l’important pour un immeuble de bureaux aujourd’hui est de deux formes distinctes, mais qui se croisent :
La première concerne la réduction des besoins en énergie, son entropie.
La seconde est liée aux usagers et probablement aujourd’hui la plus importante, car les entreprises ont besoin de fidéliser leurs employés d’autant plus volages qu’ils sont de moins en moins attachés physiquement à leurs bureaux. C’est l’approche « centric user ». Et dans ce domaine, tout reste à faire pour intégrer la vie de l’employé ou cadre dans une application créant du lien entrepreneurial, social et valorisation pour tous.

Bibliographie

AMXtalk. (2013). What is a Smart Building? Récupéré sur https://www.youtube.com/watch?v=NKBwJtq-TQo
ArchiExpo. (s.d.). ArchiExpo. Récupéré sur https://projects.archiexpo.com/project-212759.html, Coulée, C., & Dieuzeide, M. (2017-2018). Smart cities : quelles sont les principales menaces ? Louvain : Université Catholique de Louvain.
Fernandez Solla, I. (2010, Décembre 4). Façades confidential. Récupéré sur ThyssenKrupp Quarter facades: a giant’s gentle skin: http://facadesconfidential.blogspot.com/2010/12/thyssenkrupp-quarter-facades-giants.html
Fromentin, M. (2020-2021). Architecture cinétique adaptative. ENSAM.
Interact Office. (2018). Interact Office. Récupéré sur https://www.interact-lighting.com/b-dam/b2b-li/en_AA/interact/case-study/the-edge/case-study-the-edge.pdf
Perez-delHoyo, R., Garcia-Mayor, C., Mora-Mora, H., Gilart-Iglesias, V., & Andujar-Montoya, M. (2016). Making Smart and Accessible Cities. Conference on Smart Cities and Green ICTT Systems – Smartgreens, (pp. 63-70).
Saleem, M. (2020, Juin 24). The Benefits of a Smart Ventilation System. Récupéré sur Clevair: https://clevair.io/blog/smart-ventilation-system-benefits/
Staels, S. (2021, février 10). Les espaces de travail en Belgique dans un monde Post-Covid-19. Récupéré sur Cushman & Wakefield: https://www.cushmanwakefield.com/fr-be/belgium/insights/the-future-of-the-office-in-belgium
Tremblay, D.-G. (2020). Le télétravail et le cotravail : enjeux socio territoriaux dans la foulée de la pandémie de Covid-19. Organisations et territoires.

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