
Il y a des jours où je me sens parfois un peu seul dans le monde numérique lorsque je parle du potentiel des données pour amener à une nouvelle forme de planification urbaine. Toutefois, certains jours, l’internet m’aide à conforter cette approche grâce à la découverte de petites perles : en voici une.
Un article de Next City, une organisation américaine ayant pour mission d’inspirer face aux changements social, économique et l’environnemental dans les villes au travers du journalisme et des événements se passant dans le monde. Ils reprennent à leur compte cette expression bien connue des Belges maintenant : « Ceci n’est pas une crise ! » de la fondation du même nom. Leur objectif est de regrouper sous un seul portail des informations et articles réalisés par des journalistes et en rapport avec l’objet de l’organisation.
Dans le cas qui nous concerne, c’est un article de Justin HOLLANDER, professeur associé endroit environnemental et urbanistique à l’université de Tufts (Boston). Via son Urban Attitudes Lab, traitant de la question des données dans la planification urbaine, il propose une amorce de méthodologie définie par l’expérience sur le terrain et définissant le potentiel des données de Twitter pour comprendre les comportements humains dans l’espace.
Dans l’article « will twitter Revolutionize How Cities Plan for the Future ? » de Rebecca TUHUS-DUBROW (21 octobre 2014), Il dévoile son approche originale liée à la question du bonheur. Comme nous le savons aujourd’hui, les algorithmes sont capables de définir le niveau comportemental d’un individu, encore plus d’un groupe d’individu, car l’agréage des données permet d’en faire ressortir des éléments clefs dans un ensemble de données banales ; une forme de Kilimandjaro dans la plaine africaine… Cette question du bonheur nous renvoie à l’impact de la ville sur nos comportements, rarement mesuré jusqu’à aujourd’hui ou bien de manière très parcellaire. Pourtant, il apparait évident que certaines villes offres des expériences que d’autres non pas : pourquoi les carolos sont-ils si attachés à leur ville malgré un aspect si peu attrayant ? pourquoi apprécions-nous les vieilles villes et avons-nous tant de difficulté à apprécier les villes nouvelles (de Brasília aux banlieues parisiennes) ?



De ces questions, sommes toutes évidentes, peut de spécialistes ont travaillé sur les réponses et très justement parce que cela traite de la complexité urbaine ainsi que de celle des êtres humains et leur ressentis. Pourtant, aujourd’hui, l’expérience numérique avec nos Smartphones, telles des deuxièmes peaux, nous offre l’opportunité et combiné avec des ordinateurs de plus en plus puissants, à analyser cette complexité.
Nous sommes encore loin de la théorisation de la ville au travers des données numériques et même si celle-ci venait à émerger du cadre scientifique universitaire, ce dont je ne doute plus, la sérendipité urbaine restera nôtre. Toutefois, ce champ d’analyse nous offre aujourd’hui l’opportunité de lier les éléments structurants de la ville et celles du vécu quotidien. Sociologues, géographes, psychologues, urbanistes et architectes vont commencer à se comprendre. Peut-être est-ce l’enjeu le plus important qui nous est offert grâce à la collecte des méta données ?
Pascal SIMOENS, Urbaniste architecte & Data Scientist