
Les pérégrinations virtuelles nous amènent parfois sur des sujets qui ne sont pas nécessairement notre préoccupation première mais nous fait toutefois réfléchir.
La question des sans domicile fixe est un problème social majeur de toutes les grandes villes et villes moyennes en Europe. Contrairement aux USA où cette condition « fait partie de la condition urbaine normale » et a pour effet d’intégrer les SDF dans la vie urbaine, l’Europe préfère quant à elle nier le problème ou l’exclure en interdisant la mendicité.
Dans les deux cas, la précarité des sans domicile est préoccupante, d’autant que le nombre de pauvres ne fait que croitre depuis les années 80 et s’est fortement accru avec la crise.
Mais l’objet qui nous concerne ici est plutôt lié à une expérience liant les villes intelligentes (en l’occurrence ici Odense (3eme ville du Danemark) et les SDF. De prime abord, ces deux catégories semblent particulièrement antinomiques et pourtant, ce qui suit va vous faire changer d’avis :
La ville d’Odense a donc décidé de géo localiser les SDF (‘qui le désirent) pour élaborer une nouvelle stratégie d’accompagnement de ceux-ci. En effet, les SDF ont un usage de la ville très particulier et qui ne s’inscrit pas avec les mêmes besoins que les autres habitants. Pourtant, la ville doit gérer les services et besoin de cette population marginale.
Jusqu’à aujourd’hui, la gestion des sans-abris se fait à coup de projet d’intégration ou bien d’aide. Et pourtant, qui n’a pas déjà vu un reportage sur les SDF qui se retrouvaient « hors cadre de ces politiques et, dès lors, encore plus précarisés ? … avec le risque de perdre la vie. L’enjeu est aussi là.
Plus globalement, et si on considère que l’objectif de toute politique sociale est d’être au service des citoyens, la question posée par rapport à cette catégorie marginalisée est certainement liée à la nécessité d’aller là où ils se trouvent et non l’inverse. C’est là qu’intervient la nouvelle approche de la ville d’Odense : offrir des services à partir de la carte mentale des sans domicile fixe.
Jusque-là, tout semble parfait et il est heureux qu’un certain nombre de SDF aient accepté de participer à cette expérience en emportant avec eux le module GPS. Toutefois, la question que le me pose à chaque fois, c’est que notre démocratie n’est pas prête par rapport aux nouveaux défis numériques. En effet, la mairie actuelle trouve que cet outil leur permet de réellement améliorer leurs services auprès de ces hommes et femmes au statut particulièrement précaire. Toutefois, qu’en sera-t-il au changement du maire et porté par ses concitoyens par un programme politique beaucoup plus dur envers les SDF ? Le GPS deviendrait-il l’étoile jaune de nos temps numériques ? Le risque n’est pas nul et seule une législation adéquate liée à un contrôle démocratie peu permettre de développer ce type d’outil sans précariser leurs utilisateurs/consommateurs.
A contrario, préférons-nous ne rien faire et permettre le développement insidieux des picos de sols ayant défrayé la chronique ou bien laisse les villes comme Madrid, mettre en place des nouveaux abris de bus qui interdisent aux SDF de s’abriter pendant la nuit ?
À méditer.
Source d’inspiration de cet article : « A Danish City using GPS to Track (and Help) the Homless », Fergus O’SULLIVAN, CityLab (The Atlantic)
Plus d’infos : « Gratis mad til gengæld: Odenses hjemløse får gps’er i lommerne », Mathilde Fischer Thomsen, fyens.