
Voici une petite carte interactive élaborée par Mike BARKER : le développement des implantations IKEA dans le monde depuis sa fondation en 1943 (lien)
Ce qui me saute aux yeux, c’est que ce Géant a encore de beaux jours devant lui à considérer uniquement la question de la couverture territoriale du monde : pas un seul IKEA en Amérique du Sud ou en Afrique et encore de nombreux lieux à « combler » dans les pays occidentaux.
Au-delà de cela, la cartographie dynamique telle que présentée et similaire à un autre projet (implantation des Wal-Mart aux USA) produite par Flowing Data nous permet la compréhension de quelques éléments systémiques du développement commercial :

- La primo localisation n’est pas nécessairement liée à une qualité et nombre de la demande. De fait, IKEA s’est développé à partir d’un des pays les moins denses de l’Europe. C’est donc l’idée/le concept qui détermine la réussite et non la localisation
- Ensuite, dans le cadre d’un développement, le rayonnement est systématiquement circulaire, au titre d’un développement par extension des cercles d’influences à partir de la primo implantation. En ce sens, la carte du développement des implantations de Wal-Mart est exemplaire à partir de l’ARKANSAS.

- Sans entrer dans les détails, force est de constater ensuite de la nécessité d’une phase de croissance exponentielle. Ce fut pour Wal-Mart, dans les années 80 et pour IKEA dans les années 90. Le développement n’est pas linéaire et l’implication des stratégies de développement qui furent accompagnées des demandes de permis et autorisation doit avoir une relation de cause à effet de cette concentration. Une sorte de mécanisme d’enchainement entre le moment où il est décidé de lancer une phase d’expansion et les premières expansions qui sont généralement plus lente pour l’obtention des autorisations que les suivantes.
- Les logiques d’implantations sont également limitées par les questions de logistiques. D’une part, nous avons la carte mondiale d’IKEA qui montre à quel point les axes de développement routiers ont influencés les axes de développement des implantations. Très clairement, le développement de l’Allemagne, s’il s’est justifié par la localisation (axes de conurbation) et le pouvoir d’achat des habitants (Munich), s’inscrivent toutefois dans un axe du nord vers le sud venant, bien sûr de la Suède. Plus globalement, cela soulève la question de la relation entre les centres de logistiques et le développement des implantations de proximité de ce type de commerces. La Belgique est en ce sens un beau terroir qui nécessiterait une analyse fine… en tant que cœur de la logistique ouest européenne.
- Enfin et à plus petite échelle (l’Etat), on peut également apprendre de ces implantations qui, dans le domaine du commerce, nécessite bien évidemment une localisation près des acheteurs. L’analyse remarquable (IKEA revisite les classiques de la géographie) de Jonathan MUSEREAU et Solène GAUDIN dans le cadre de la revue Espaces temps sur la localisation des IKEA en France et corrélée avec la « diagonale du vide » qui est cette spécificité française de tout ce territoire en chute démographique alors que la France est l’un des pays qui a une démographie nette annuelle qui est l’une des plus forte d’Europe. L’n retrouve également cette vision si on analyse les implantations russes qui sont toutes localisées le longs des grandes villes créées à l’époque soviétique et le long du transsibérien (cfr point 4 supra).
L’ensemble de ces paramètres reliés donnent des cartes animées qui me font penser, par analogie, à une stratégie de conquête militaire digne du moyen âge ; tel un seigneur qui conquiert des territoires en fonction de son aire d’influence ou bien de ses accords avec d’autres vassaux. Cette analogie permet également de comprendre que ce type de stratégie guerrière nécessite aussi parfois de s’installer sur des territoires de moindre valeur ajoutée, ne serait-ce que pour le contrôler. Là aussi, la comparaison avec les chevaliers, vassaux et consorts prend tout son sens.
Nota : l’objet de ce Post n’est pas scientifique mais bien de vulgarisation. En effet, par mon métier et travail dans le développement d’implantations commerciales, je suis fréquemment confronté aux non-spécialistes et de l’incompréhension de certaines localisations de nouvelles enseignes. Voici l’opportunité d’essayer à un peu mieux les comprendre, sans volonté de description scientifique mais plutôt du lien entre mon expérience et l’agrégation de données diverses.
Sources :
IKEA Store Openings data visualisation by Mike Barker
Pascal SIMOENS, Urban Planner and Architect specialized on digital Space area.
Faculty of architecture and urban planning of the University of Mons, Belgium / Archimade Studio.
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