« VÉRIFIEZ VOS SOURCES »… N’EST PEUT-ÊTRE PAS LA MEILLEURE SOLUTION CONTRE LES FAKE NEWS. EXPLICATIONS :

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mots-clés : Moteurs de recherche, Google, Bing, Fake news, complot, information, vérification

Chers lecteurs,

Qui n’a jamais entendu l’expression « vérifie tes sources ! », d’autant plus pour le moment avec la période des élections européennes qui s’invite dans nos foyers et où les diffuseurs de fausses nouvelles (Russie, etc.) vont probablement s’en donner à cœur joie.

Mais revenons à notre expression première à laquelle on ajoute souvent : c’est une fake news, tu ferais mieux de vérifier sur Google. Sauf que dans un article à la SCIAM (Scientific American association), des chercheurs ont montré que les recherches sur les moteurs de recherches pour se faire sa propre idée sur une information… renforcent cette information ! Lauren Leffer nous explique tout cela dans son article How Search Engines Boost Misinformation : Data voids in search results can lead down rabbit holes that bolster belief in fake news (20 décembre 2023).

Est-ce si étonnant lorsque les premiers à développer le principe de vérification des informations par soi-même sont les complotistes ? l’étude publiée dans Nature démontre quantitativement comment les résultats de recherche, en particulier ceux qui sont générés par des requêtes contenant des mots clés d’articles trompeurs, peuvent facilement conduire les gens dans des trous de lapin numériques et se retourner contre eux. L’étude suggère qu’il ne suffit pas de guider les internautes sur Google pour qu’ils réfléchissent à ce qu’ils recherchent et aux facteurs qui déterminent les résultats.

Précisons encore ce qu’est un « trou de lapin », une expression spécifiquement anglophone et qui décrit une situation dans laquelle vous vous intéressez tellement à un sujet ou à une activité que vous ne pouvez pas vous arrêter d’essayer d’en savoir plus et en même temps une situation compliquée ou difficile, en particulier une situation dont il est difficile de sortir. Le Lapin qui a creusé le trou connait ses galeries, par contre, le visiteur, lui se fait guider par… le trou creusé par le lapin.

Les chercheurs ont également constaté que plus d’un tiers des personnes interrogées étaient exposées à des informations erronées lorsqu’elles recherchaient plus de détails sur des articles trompeurs ou faux et dans la recherche de vérification des faits, 63% des requêtes donnent lieu à des résultats non fiables.

Enfin et contrairement à ce qu’on pourrait penser, le moteur de recherche principal, Google Search, n’est pas le plus biaisé. Des moteurs comme Duck Duck Go, Ecosia, etc., qui est des surcouches de Google ou Bing, etc., ne proposent pas les versions les plus élaborées du moteur et permettent alors l’installation d’informations moins contrôlées/rectifiées par les algorithmes. Un Pharmakon en puissance, car si d’une part ça laisse plus de liberté, d’autre part ça offre plus de potentiel à de fausses nouvelles de créer des liens et des redondances de recherche pour se positionner plus haut dans les résultats.

Toutefois, précisons que l’étude ne peut pas tenir compte du niveau de connaissance et de formation critique à la lecture des nouvelles (vraies ou fausses). À nouveau, ce qu’il ressort de cette étude, c’est que le problème n’est pas l’outil, mais bien la formation des personnes qui utilisent cet outil : la formation à la recherche des informations sur un moteur de recherche devrait faire partie de l’enseignement de base en secondaire ! Ajoutons qu’aujourd’hui, ces moteurs sont en plus aidés des IA.G, ce qui ne risque pas d’améliorer la situation si ce n’est pas utilisé à bon escient.

Bonne et belle journée à vous.

Pour complément :

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Pascal SIMOENS Architecte et urbaniste, data Scientist. Expert Smart Cities. J’ai commencé ma vie en construisant des villes en Lego, j’en ai fait mon métier. Geek invétéré, aujourd’hui je joins mes passions du numérique et de la ville au travers d’une expertise smart Cities et smart-buildings en travaillant en bureau d’étude (Poly-Tech Engineering) et j’enseigne cette même expertise à l’UMONS et l’ULB.

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