Temps de lecture : 8 minutes + vidéo
mots-clés : IA, AI, smartphone, new generation, next, usages, thinkdifferent
Chers lecteurs,
Les algorithmes de Google sont insatiables. Récemment, YouTube me proposait la lecture d’une petite vidéo de présentation de Ai pin, le remplaçant du smartphone (selon les concepteurs).
Qu’est-ce qu’Ai pin ?
C’est un mini boitier de 4 cm de large, 1 cm d’épaisseur. Ça ne casse pas 2 pattes à un poulet, mais c’est plus subtil que cela. Si vous avez le temps, regardez cette vidéo de 10 minutes qui montre comment ça marche.
Au-delà de l’objet, quelques éléments de cette vidéo nous fait immédiatement penser à un transpondeur comme dans Star Trek et , pour autant qu’on accepte de regarder plus loin que le bout de son nez, ce nouvel outil pourrait bien être les prémices d’une évolution liée à la miniaturisation du smartphone qui ne demande que cela , pour autant qu’on puisse caser l’écran ailleurs (nous y reviendrons dans 1 minute).


Ce nouveau gadget (ou pas?) est d’abord basé sur l’expérience utilisateur… bien connue chez Apple:
Imran Chaudhri est un designer, un inventeur et un innovateur. Il a passé plus de 20 ans chez Apple à imaginer et à créer certains des produits de consommation les plus appréciés au monde, comme le Macintosh, l’iPod, l’iPad, l’Apple Watch et l’iPhone. Imran est surtout connu pour avoir inventé l’interface utilisateur et les interactions révolutionnaires de l’iPhone, et il est cité comme inventeur dans des milliers de brevets. Son travail définit la façon dont le monde interagit avec la technologie et est motivé par son insistance à mettre l’expérience humaine au premier plan dans le processus de conception. Bethany Bongiorno a dirigé les équipes à l’origine de certains des produits les plus révolutionnaires d’Apple. En tant que directrice de l’ingénierie logicielle, elle était responsable de la gestion de tous les projets logiciels pour iOS et macOS et a également joué un rôle clé dans l’exécution de projets critiques tels que le lancement de l’iPad original. Avant de travailler chez Apple, Bethany a étudié la physique, a travaillé dans la recherche en astrophysique et a été consultante en gestion de données et en développement de logiciels. Bethany est passionnée par la constitution et la direction d’équipes performantes chargées de résoudre des problèmes complexes. Ensemble, Imran et Bethany envisagent un avenir encore plus intelligent et encore plus personnel, et ont engagé Humane à construire non pas pour le monde tel qu’il existe aujourd’hui, mais tel qu’il pourrait être demain. En repensant, en reconsidérant et en se souvenant de la connexion humaine honnête dans le contexte de l’informatique, ils cherchent à remodeler le rôle de la technologie dans nos vies. » (extrait de leur site).

Plus globalement, la proposition d’Ai pin pourrait sembler un peu trop avant-gardiste et faire sourire par la simplicité avec laquelle la vidéo est tournée. On est loin des happenings de Apple ou Google. Toutefois, rappelons-nous que tous les GAFAM ont commencé dans un garage. Bref, si on n’y croit pas trop, ce n’est pas parce que l’idée n’est pas bonne, mais bien parce que la technologie n’est pas encore au point et donc acceptable : il manque le transfert de l’écran pour que la transition technologique se fasse « en douceur ». En attendant, l’idée nous semble suffisamment forte pour répondre aux enjeux de la disparition du smartphone qui tente déjà de réduire de taille en se pliant. Explications.
Quelques bases technologiques plausibles pour notre futur:
Relevons les pépites technologiques qui nous font dire que le concept a de l’avenir :

- Une technologie basée sur l’IA décentralisée : le petit boitier est microscopique (de la taille du transpondeur, je vous le dis) et se fixe au même endroit sur la poitrine. Leur technologie de décentralisation s’appelle Comos : Cosmos présent l’Ai Bus, un framework Ai révolutionnaire qui transforme la façon dont les logiciels en nuage interagissent. En tant que conduit ultrarapide permettant des expériences orientées Ai, l’ère de la recherche, du téléchargement, de la gestion ou du lancement d’applications est révolue. Notre bus Ai comprend rapidement ce dont vous avez besoin et vous connecte instantanément à l’expérience ou au service Ai adéquat, le tout à la vitesse de la pensée. Toutefois, il faut reconnaitre que cette technologie n’est efficiente qu‘à condition de travailler à très haut débit (5G, etc.) et on en est encore loin dans de nombreux pays européens. Bref, la techno est là, mais la chaine de technologie ne l’est pas.

- Un mini format, car les technologies dont nous avons besoin sont déjà minis : d’un point de vue ergonomique, il est clair que la question de la réduction physique des systèmes communicationnels et interfaces humain-machine sont notre avenir. Les technologies embarquées le sont déjà. En effet, si on enlève la batterie et l’écran d’un téléphone actuel, on arrive au format de l’Ai pin (!) composé d’un mini processeur (pas de traitement vidéo), un haut-parleur et un micro, une caméra. Le format n’est donc pas du bluff si on intègre la question du déport de l’écran.

- Les usages sont adaptés et ressemblent à 85% de ce que nous faisons avec notre smartphone. Sur ce point, nous devons préciser un élément essentiel : actuellement, nous sommes essentiellement « passifs » dans le cadre de l’interaction avec notre smartphone. Nous appliquons encore un modèle d’application de type « PC » qui est somme toute peu adapté au format du smartphone. Il en résulte une débauche technologique totalement inadaptée et entropique : écrans OLED de plus en plus grands, batteries de plus en plus puissantes pour répondre aux besoins de consommation de l’écran et du traitement vidéo, etc. Par ailleurs, nous sommes encore très bloqués pour la discussion avec notre téléphone qui, pourtant, est plus puissant que n’importe quel ordinateur vieux de 10 ans. Tout cela pose de nombreuses questions sur l’absurdité de fonctionnement/interface entre l’homme et la machine portable. Ai pin suggère une transformation majeure : la contrainte de la taille du système déporte (une nouvelle fois) l’intelligence vers des serveurs… ce que nous acceptons sans grande difficulté aujourd’hui lorsque nous voulons travailler avec une IA. Il n’est donc pas utopique de penser que l’IA rend le Cloud plus sexy et efficace. C’est d’autant plus vrai que l’ouverture du Store d’Open AI (dernier Keynote d’Open IA) va probablement transformer de nombreux usages quotidiens avec des systèmes hybrides : les questions de bases seront traitées localement avec le processeur de votre téléphone et les questions complexes seront traitées en ligne. Ça signifie une continuité de service avec la puissance d’un supercalculateur. Tout cela pour quoi me demanderez-vous ? Arrêter de tout rechercher par soi-même avec son téléphone continuellement en main ou pendu à votre cou avec une ficelle ou tel une laisse !
L’utilisation de l’IA comme moteur de votre smartphone doit nous incliner à changer de modèle : poser une question à notre smartphone plutôt que de le regarder. Reste aujourd’hui à savoir comment choisir sa musique sur Spotify ou Qobuz. Voilà de nouveau l’écran qui rejaillit : ne pourrions-nous pas nous en passer ? Faites l’expérience et posez-vous la question pendant une journée : combien de fois auriez-vous besoin réellement d’un écran ? Lire un mail ? la machine peut vous l’énoncer. Lire une news ? De même. Voyager sur les réseaux sociaux ? Il peut vous en faire un résumé vocal. Écouter de la musique ? vous devez simplement connaitre le nom de l’artiste que vous désirez écouter ou vous rappeler quand vous l’avez écouté. Vous conseiller un lieu ou une ligne de métro pour atteindre votre destination ? Comme votre GPS, il vous explique le chemin à prendre. En fait, notre usage de la machine est essentiellement écrit et donc potentiellement dicté /raconté.

- C’est un ordinateur donc ça consomme de l’énergie : il est intéressant de voir comment la start-up transforme le paradigme en proposant une batterie de rechange, mais comme la « machine » est très petite, la batterie l’est tout autant. Ça se met dans votre sac, poche, etc., et c’est bien mieux que les batteries de secours qui pèsent toutes plus de 500 gr à elles seules.


Finalement, cette solution n’a qu’un grand défaut : saurions-nous encore vivre sans écran ? Probablement pas et avouons que si nous voulons lire une PJ d’un mail, nous aurons toujours besoin d’un écran. Toutefois et dans la configuration Ai pin, celui-ci n’a plus le même usage et il devient secondaire. Instagram ara du souci à se faire ? Ce n’est pas faux, mais de la même manière que Facebook a du souci à se faire en voyant ses générations d’utilisateurs (les plus de 40 ans) vieillir. Bref, un réseau social n’est pas immuable.
Revenons-en à l’écran : en fait, les technologies existent déjà, et Monsieur GRrr présentait déjà une montre avec un écran mini OLED en 2019 avec la Nubia Watch! Plus récemment, nous avons vu arriver les téléphones Fold ou Flip de chez Samsung. Encore plus intéressantes sont les nouvelles propositions de Motorola avec un modèle de téléphone qui s’accroche à votre bras ( in GQ, Sulaiman Bouzernidj, 31 octobre 2023):


Pour conclure
Finalement, on constate que ces technologies n’en sont qu’à leurs balbutiements même si le Hardware avance rapidement (écrans, miniaturisation…). Ce qui est essentiel dans le cadre de l’adoption des technologies c’est la conjonction des usages avec le matériel. Rappelons-nous que les smartphones étaient déjà bien présents avant l’arrivée de l’iPhone en 2008. La réussite de l’iPhone n’a pas été d’inventer quelque chose qui existait déjà, mais bien de transformer les usages. L’Appstore et l’écran simple et tactile ont fait le reste. Nous sommes probablement encore dans la phase des téléphones smart avant l’arrivée de l’iPhone. On attend la conjonction entre la miniaturisation, la création d’écrans sur notre manche et une connectivité sans faille pour exploiter l’IA déportée dans le cloud. Il nous apparait que le croisement de ces 3 éléments est les conditions minimales pour placer nos smartphones à la casse.
En complément, tel un éternel recommencement, nous verrons un retour massif à la parole (avec beaucoup d’écriture derrière ces paroles) lié aux déplacements. Les écrans restant une expérience de bureau /maison et secondaire lors de nos déplacements. À ce moment-là, nous regarderons avec quelques sourires le point de vue actuel de certains vieux conservateurs.

La question que nous pose Imran Chaudhri, concepteur de cette nouvelle machine est peut-être la plus important : « what comes next? ». Bonne et belle journée à vous.
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Pascal SIMOENS Architecte et urbaniste, data Scientist. Expert Smart Cities. J’ai commencé ma vie en construisant des villes en Lego, j’en ai fait mon métier. Geek invétéré, aujourd’hui je joins mes passions du numérique et de la ville au travers d’une expertise smart Cities et smart-buildings en travaillant en bureau d’étude (Poly-Tech Engineering) et j’enseigne cette même expertise à l’UMONS et l’ULB.
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