Tom Mayne vient de frapper encore une fois avec un projet atypique en Suisse, commune de Vals déjà connue pour les thermes dessinés par Peter Zumthor, et proposant un hôtel de 107 chambres… sur une hauteur de 381 mètres, soit le gratte-ciel le plus élevé d’Europe (le Shard londonien ne faisant que 310 mètres). Le projet a été présenté à Zurich ce 25 mars 2015.
Cette information de fin de semaine a déjà enflammé la toile avec ses défendeurs (relativement peu nombreux) et ses détracteurs (tous les autres). Morphosis a toutefois réussi son coup en faisant parler de lui et en proposant sur la place publique un questionnement du paysage et son prisme anthropomorphique. Un paysage qui n’est site face à la nature que par le regard de l’homme.
Le projet est composé de deux parties : la première forme un socle de liaison avec le village et ses activités, le second est composé d’une tour avec des chambres et les aménités nécessaires à ce type d’infrastructure très haut de gamme, y compris piscines, restaurant panoramique, etc.
La plupart de ses détracteurs se divisent en deux catégories :
- L ineptie du développement d’une architecture non durable dans une vallée Suisse. Sur ce point, et plus particulièrement la question de la compacité des bâtiments, j’avoue avoir difficile à défendre le projet de Morphosis et un projet emblématique comme celui-là ne peut que s’extraire de ce genre de question, à tort ou a raison, j’avoue que je ne préfère pas me prononcer.
- L’impact paysager : de ce point de vue, là je décide de m’aventurer et de fournir mon point de vue. En effet, les avis sont souvent énoncés à l’emporte-pièce, ne tenant compte que de la vision romantique que nous pouvons tous avoir des Alpes, cœur naturel de l’Europe… et pourtant, nous sommes loin de cette vision idéalisée de la Suisse dont l’ensemble des vallées sont encombrées, à défaut de pourvoir urbaniser les flancs de montagnes. Mais plus précisément, les détracteurs veulent défendre l’image de la vallée qu’un bâtiment de 381 m viendrait défigurer. Pourtant, ce n’est pas le premier essai puisque ce projet n’est que la suite de la tentative de Herzorg et de Meuron qui proposèrent voici quelques années une tour dans une station Suisse luxueuse. Plus généralement, la question paysagère de la tour est différente à comprendre entre la ville où l’homme reste la référence dimensionnelle et une vallée de montagne à 1.250m d’altitude et entourée de massifs de plus de 2.000 m d’altitude. Il me semble utile de remettre le projet à sa juste dimension paysagère en le cadrant dans le contexte dans lequel il se situe. En outre, seuls les villageois de vals « profiteront » de cette tour, vu l’enclavement de la vallée.
A mon sens, et en dehors de la problématique climatique et durable qui pose évidemment question, cette tour n’est pas plus un problème paysager que la place d’un menhir au milieu de la campagne. Par contre, le fait que ce projet soit pensé exclusivement pour les gens du golfe persique que de l’Asie, autrement dit les plus riches, pose question à long terme et n’est peut-être qu’un consommable commercial qui n’a de raison d’être que le markéting qui l’accompagne.
En outre, et dans ce cas précis où les habitants impactés seront essentiellement, voir exclusivement, les habitants de Vals, pourquoi tout le monde doit-il donner son avis ? Le monde a-t-il le droit de donner son avis sur une construction dans un cul-de-sac alpin ?
Laissons faire la votation…
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