Richard FLORIDA, spécialiste de la relation entre les villes et ses habitants, nous livre un article très intéressant sur le blog CityLab : New Global Centers for Talent.
Cet article synthétise son analyse relative à une étude très récente sur les motivations des personnes à se déplacer pour aller travailler dans une autre ville. L’étude du Boston Consulting Group (BCG) fait transparaitre des 203.000 personnes interrogées une véritable cartographie des villes et de leur attractivité mondiale. Mais plus encore, en lisant entre les lignes nous pouvons également faire une lecture des habitudes locales de certains pays. Je vais essayer de l’y risquer pour l’Europe et la Belgique.
La première image relève la synthèse des 30 villes les plus attractives dans le monde pour les travailleurs avec Londres en tête de liste, suivie en Europe par Paris, Madrid, Berlin, Barcelone et Rome. Soit pas moins de 6 villes sur 10 dans le top 10. Pour information, Bruxelles se situe à la 25ème position. Notons toutefois que la forte présence de villes européennes est aussi lié à la localisation de l’échantillon et avec une proposition importante d’européens et, à contrario, la faible proportion d’asiatiques.
Toutefois, il est intéressant de constater qu’outre les capitales classiques, dont Londres qui jouit de la facilité de la langue, la place d’une première ville européenne classée et n’étant pas une capitale est Barcelone qui se positionne comme outsider de Madrid et de Sydney à 0.6% près. Richard Florida fait présager de son analyse la question de la corrélation entre les villes attractives pour le travail et également attractives pour la qualité de vie. C’est certainement le cas de Barcelone qui se décline, en outre, comme l’une des villes les plus avancée au niveau de l’intégration des nouvelles technologies. Des villes comme Toronto, Berlin ou Singapour peuvent aussi s’inscrire dans cette démarche conjointe entre qualité de vie et qualité des jobs proposés. A l’échelle des plus larges territoires, comme les pays, les Etats-Unis arrivent en tête, et de loin avec 42% des répondant précisant qu’ils seraient intéressés par un job dans ce pays, suivit par l’Angleterre et le Canada. R.Florida précise, à juste titre, que ces trois pays ont une politique d’immigration relativement ouverte, d’autant pour les cadres supérieurs.
Globalement, 2/3 des répondants, dont 50% situés en Europe, sont ouvert à déménager pour un autre job. Serait-ce un effet Erasmus ?
Le tableau suivant détermine la proportion de personnes qui sont prêtes à partir. La Belgique se situe dans la proportion 50 à 60%… ce qui me semble beaucoup vu le côté casanier du belge moyen. Toutefois les réponses laissent présupposer que de plus en plus de personnes sont prêtes à partir en Belgique et même en France qui se place en tête du classement (+ de 90%)! Est-ce que le contexte politique actuel de la France, visiblement bouché et sans perspectives d’avenir, précipiterait les têtes pensantes à déguerpir ? De même, le conservatisme de plus en plus explicite de la politique belge pousserait-elle les meilleurs cadres à partir ? R. Florida précise le même questionnement en analysant dans le même groupe que la France, des pays comme la Tunisie ou le Pakistan. Nous compléterons que pour la Hollande, il est un fait que dans certains domaines comme l’architecture, l’expatriation de ces jobs vers le reste du monde est une nécessité au vu du marasme général du marché local. Nous ne pouvons juger sur les autres secteurs.
Dans le tableau qui suit, nous retrouvons également les français, de moins de 30 ans, les plus enclins à partir… un vrai questionnement. C’est également une génération nouvelle, qui place l’argent après le bonheur ou le plaisir. Ainsi, sur base des critères de déplacement pour aller chercher un nouveau job à l’étranger, les personnes ayant répondu au questionnaire et essentiellement de moins de 40 ans, sont à la recherche d’une valorisation personnelle par la reconnaissance de leurs compétences, non du salaire qui l’accompagne (en 8ème position). L’équilibre familial et avec le cercle des amis semble tout aussi important. La notion d’interrelation et d’interconnexion entre les personnes prend donc une importance cruciale. L’usage des réseaux sociaux ne semble donc pas amoindrir les besoins de contacts sociaux.
Globalement, cette étude est intéressante pour permettre la comparaison sur une large base identifiée. Ensuite, il apparait primordial d’avoir une analyse fine à l’ »échelle des contextes locaux pour en tirer les meilleurs enseignements. En tout état de causes, les pays les plus malades d’Europe ne sortent pas grandis face à cette analyse alors que la position de moins en moins dominant des Etats-Unis semble également se retranscrire dans l’ouverture des américains à sorte de leur pays, fait marquant de l’étude. Globalement, la géopolitique et l’histoire des peuples marquent fortement les usages. Ne l’oublions pas.