LA CRISE… ET APRES

La crise économique mondiale a l’avantage de redistribuer quelque peu les cartes de notre économie de marché, qu’elle soit globale ou local.

Si je ne vais pas me lancer dans une diatribe s’agissant de l’économie – je n’en ai pas la prétention – je vais toutefois me lancer dans une analyse micro relative à l’attractivité des villes et la compétition entre elles. Cette réflexion me semble d’autant plus importante en Belgique que nous nous trouvons dans une logique de gestion du territoire régionale plutôt qu’urbaine. Ce n’est pas innocent dans un moment charnière où la compétitivité urbaine (et non régionale) va devenir un des enjeux de l’après crise.

 

En effet, après la globalisation généralisée, en occident, orient ou tiers-monde ; où l’échelle de territoire pertinent était le micro territoire-région qui pouvait répondre à tous les besoins sur peu d’espace à l’échelle du reste du monde, nous allons certainement passer à une stratégie de territoire où la ville deviendra le pôle de développement avec des territoires annexes offrant eux-mêmes des services à un réseau de petites villes gravitant autour des métropoles, voire mégalopoles.

 

Pourquoi passerions-nous d’une stratégie de développement des villes plutôt que des régions ?

Parce que la crise a redistribué les cartes des flux économiques et que la pérennité des nouveaux flux créés dépendra de leurs besoins respectifs en énergie primaire le pétrole) et transformée (l’électricité).

 

Donc les villes ? Parce que les villes sont à la pointe des stratégies écologiques et qu’un territoire plus diffus est, par définition, plus énergivore car nécessitant beaucoup plus de besoins de mobilité. Là est l’enjeu : la mobilité. La question devient : « comment augmenter la mobilité sans augmenter l’impact écologique des déplacements ? N’oublions pas que nous allons devoir commencer à faire le bilan carbone des villes, des régions et des pays. Or, les premiers chiffres sur les bilans de Paris démontrent que la ville pollue plus avec des échanges externes qu’avec les échanges de mobilité en interne dans la ville ! Soit, dans le cas de Paris, 2 pour 5. A Bruxelles, quelques supputations nous amène vers 2 pour 10 !!!! Quoi de plus normal vu le nombre de navetteurs… Pour faire simple et expliquer ce calcul : deux déplacement à Bruxelles pour 10 venant de l’extérieur. Certes, me direz-vous, si Bruxelles n’avait pas les navetteurs, pourrait-elle vivre ? Non ! Mais le problème n’est pas là, c’est que le coût-pollution-vérité va mener cette région-ville-capitale à la banqueroute… sauf à faire payer les navetteurs pour rentrer dans la ville… comme à Londres, Stockholm, etc. Et surtout ne fantasmez pas sur le fait que les entreprises partiront de Bruxelles. Tout montre que les zonings de Braine l’Alleud, Waterloo, Machelen etc. sont des entreprises qui travaillent essentiellement avec la région dans laquelle elle se trouve et non vers Bruxelles. Et puis, je vois mal l’Europe ou l’OTAN déménager en Flandre ou en Wallonie. Donc l’attractivité bruxelloise est un fait et le restera. Il n’en est pas du même pour les deux brabants, ne citons qu’eux.

 

Donc, si vous suivez mon raisonnement, le mazout et le paiement urbain sera la règle. Ca va faire réfléchir plus d’un, non ? Et c’est là que les villes définissent le nouveau maillage urbain : le train, ce bon vieux train qui, début 80 a eu la chance d’ouvrir une ligne TGV entre Paris et Lyon car sinon se retrouvait définitivement dans le rayon « old fashioned ». Aujourd’hui, c’est un des seuls secteurs du transport qui continue sa croissance malgré la récession. Mais surtout, plus la ville sera importante, plus elle sera reliée rapidement aux autres. Pour rappel, vous mettrez autant de temps de déplacement entre Binche et Bruxelles que Liège-Bruxelles, respectivement 65 et 110 km !

 

Ainsi, les villes vont devoir développer de nouvelles stratégies de développement endogène, orientées low ou zéro CO…. Et les villes qui auront pris la balle au bon aujourd’hui, grâce à la capacité de changement que constitue toute crise, seront les leaders occidentaux de demain. Dans 15 ou 20 ans, une génération à peine.

 

La crise économique actuelle, un peu plus importante que les précédentes, risque fortement de modifier plus rapidement les stratégies de développements territoriaux. Plus particulièrement celles des villes dont la concurrence est certainement le fait majeur des 10 dernières années. Les pays où les villes ne se mettent pas en réseaux, ne pourront se développer, et qui n’avance pas, recule. En Belgique, tout est fait pour interdire aux villes de développer leurs propres stratégies et de développer des partenariats entre villes, qu’elles soient wallonnes, bruxelloises ou flamandes, peu importe pour elles, leur avenir est en jeu. Mais aussi l’avenir des régions, concept déjà obsolète avant qu’il soit aboutis. C’est aussi ca le paradoxe de la régionalisation constante en Belgique.

 

En conclusion, si les villes ne se rebelles pas contre les régions, la Belgique ne sera plus que la banlieue de
Paris, Rotterdam, Lille ou Luxembourg. Une coquille vide. Est-cela l’avenir des régions ?

 

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