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mots-clés : Best of, smart Cities, 2023, climate, energy, carbon efficiency
Chers lecteurs,
Chaque année, nous faisons un relevé des meilleurs articles lus de l’année précédente. Toutefois, ce type de relevé nous laisse toujours un peu mal à l’aise : une forme d’autocongratulation de ce qu’on a fait. Cette année 2024 commence donc aussi avec un relevé des meilleurs articles… mais pas de notre blog ! En effet, nous avons choisi de prendre à contre-pied cette démarche en valorisant une source plutôt que nous-mêmes. Nous avons choisi SmartCitiesDive, groupement américain qui traitent… de la ville intelligente ! c’est une source d’information importante dans notre veille à l‘échelle mondiale. En outre, leur travail est la plupart du temps assez objectif et engagé (on ne met rien sous le tapis).
Les normes de performance en matière de construction deviennent la clé de la politique climatique dans les villes américaines (rapport)

Il est fréquent d’entendre ou de lire que « seule l’Europe impose des normes environnementales drastiques » et de compléter « ça tue notre économie ». Outre l’approximation de ces deux fausses vérités, on remarquera au passage que les banques financent de mieux en mieux et de plus en plus uniquement les projets à caractère environnemental. Pourquoi ? Simplement parce que si elles veulent garder leurs clients, elles ont tout intérêt à ce que le climat ne s’emballe pas définitivement (!) car en périodes troubles, les gens épargnent et ne dépensent pas. Or, le modèle de financiarisation de l’économie est basé sur le trading, un trading qui ne vit que grâce à une économie stable sur un territoire stable.
Toutefois, revenons-en à nos moutons : l’Europe est-elle la seule à favoriser les normes environnementales ? Certainement pas… la preuve aux USA.
Le deuxième article « best of » de SmartCity Dive explique pleinement cela avec le recensement des actions actuelles dans les différents états. Pour rappel, et si l’état fédéral fournit les objectifs généraux, ce sont essentiellement les états qui décident des politiques de mise en œuvre, en Californie en tête. Pour rappel, au premier trimestre de 2023, la Californie a contribué à hauteur de 14,2 % au PIB des États-Unis, tout en abritant 11,7 % de la population américaine. Cela indique que l’économie de la Californie est considérablement grande et apporte une part substantielle à l’économie globale des États-Unis (U.S. Bureau of Economic Analysis (BEA)). Mais les États-Unis vont bien plus loin et, surtout, accélèrent. Le rapport Mandatory Building performance Standards: a Key policy for Achieving climate Goals (Steve Nadel, Adam Hing, ACEEE Report, Mai 2023) explicite le pourquoi :
Pour atteindre les objectifs climatiques à long terme, les bâtiments existants doivent permettre de réaliser des économies d’énergie substantielles et de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Des programmes visant à encourager la rénovation énergétique de l’ensemble des bâtiments existants fonctionnent depuis des décennies, et même les meilleurs programmes aboutissent rarement à l’amélioration de plus de 1 à 2 % des bâtiments éligibles chaque année (York et al., 2015). Des approches nouvelles et plus agressives sont nécessaires. L’une d’entre elles consiste à imposer des normes de performance des bâtiments (BPS), c’est-à-dire à obliger les bâtiments existants à atteindre certains objectifs de performance (intensité énergétique ou carbone, taux de performance, etc.), les propriétaires disposant de plusieurs années pour mettre les bâtiments en conformité. De telles politiques sont en place pour les bâtiments commerciaux et industriels à forte consommation d’énergie à Tokyo, pour les immeubles locatifs à Boulder (Colorado) et au Royaume-Uni, et pour les bureaux aux Pays-Bas. Des politiques relatives aux bâtiments commerciaux et/ou multifamiliaux ont été adoptées dans 14 juridictions aux États-Unis et au Canada. (…). Des politiques similaires sont envisagées dans plusieurs autres pays. Ce document examine la raison d’être des normes obligatoires de performance des bâtiments et résume les travaux réalisés à ce jour dans les juridictions spécifiées, y compris les décisions clés qu’elles ont prises et les résultats lorsqu’ils sont disponibles.

Le rapport précise une évolution rapide et impressionnante entre 2020 et 2023. Preuve d’une prise de conscience des enjeux, certes environnementaux, mais aussi économiques.
Le rapport souligne également un problème tout aussi présent chez nous : la faiblesse des stratégies pour répondre à un objectif raisonnable de temps (en Europe c’est 2050) : ces programmes sont trop faible face au changement climatique, poursuit le rapport, notant qu’au rythme actuel, il faudra plus de 300 ans pour achever la rénovation de l’ensemble des bâtiments de toutes les maisons et appartements et plus de cinq décennies pour achever les rénovations. Sur tous les bâtiments commerciaux. On notera que pour la petite Wallonie, nous devrions rénover 30.000 logements/ an pour atteindre nos objectifs 2050… nous en sommes à 3.000. En d’autres termes, on mettra 200 ans au lieu des 300 ans aux USA.
Enfin, le rapport précise également de la difficulté de vérifier l’impact global carbone du bâtiment, ce qui, en Europe, est en train de se mettre en place avec la Taxonomie. Il semble dès lors que nous soyons un peu en avance vis-à-vis des États-Unis. Lorsque ces enjeux deviennent un enjeu compétitif, c’est à souligner.
L’article complet : ici
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Pascal SIMOENS Architecte et urbaniste, data Scientist. Expert Smart Cities. J’ai commencé ma vie en construisant des villes en Lego, j’en ai fait mon métier. Geek invétéré, aujourd’hui je joins mes passions du numérique et de la ville au travers d’une expertise smart Cities et smart-buildings en travaillant en bureau d’étude (Poly-Tech Engineering) et j’enseigne cette même expertise à l’UMONS et l’ULB.
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