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mots-clés : IA, AI, generative, Sources and methods, K. J. Wheaton, Army, the USA, students
Chers lecteurs,
Ma charge de travail ne me permet pas actuellement de vous développer quelques réflexions avancées sur le monde numérique ou la ville. Néanmoins, je ne peux m’empêcher de vous partager une réflexion de K. J. Wheaton, Generative AI Is Better At Form Than Content, publiée le 03 octobre sur son Blog.

Il traite d’une question brûlante aujourd’hui dans le sérail universitaire : comment utiliser l’IA dans l’apprentissage. Une question qui fait peur autant qu’elle fascine, c’est une préoccupation quotidienne et à chaque acte d’enseignement posé… bien que certains y restent réfractaires. Bref, comme toutes évolutions, il y a ceux qui embrassent le nouveau questionnement, d’autres qui sont plus conservateurs… comme si la science n’était pas atteignable par cette même IA qui évolue semaine après semaine. C’est que ce qui fait la richesse des débats… même si dans ce cas, je pense que la fin est connue. Mais ce qui est plus dangereux, ce sont les collègues qui désirent utiliser l’outil à mauvais escient. Certes, en ce moment, tout le monde se prend un peu pour Merlin et travaillant l’alchimie des IA, toutefois, l’alchimie est parfois dangereuse.
Prudens Futuri
K. J. Wheaton semble aussi jouer à Merlin et dans le contexte de son enseignement au sein de l’académie militaire américaine (United States Army War College). L’auteur base son travail sur la connaissance de la devise de l’académie : « Prudens Futuri » et de demander à l’IA de nous expliquer ce que cela veut dire :
« L’expression latine « prudens futuri » se traduit par « prévoir de l’avenir » ou « prévoir de futur ». Il fait référence à la sagesse et à la prévoyance exigées des dirigeants efficaces. Les dirigeants prudents ne réagissent pas simplement aux circonstances actuelles – ils ont une vision de l’avenir et positionnent activement leurs forces pour tirer parti des événements prévus. Comme l’a conseillé Sun Tzu, la pré-connaissance permet aux dirigeants de saisir les opportunités et de gagner l’avantage. Prudens futuri nécessite de recueillir des renseignements, d’analyser, de prévoir les menaces et de planifier les imprévus. Les dirigeants qui excellent aux prudens futuri peuvent exécuter des stratégies audacieuses et non conventionnelles pour vaincre les ennemis qui dépendent de la pensée réactionnaire. Prudens futuri incarne l’état d’esprit novateur et tourné vers l’avenir que l’armée doit adopter pour maintenir une domination stratégique » (ndlr : traduit de l’anglais avec DeepL, une autre IA…)
Dans son article, il place ensuite l’IA dans des conditions variées, entre autres, il demande à MidJourney de proposer une image sur base de cette maxime :

Dans cette image, je suis particulièrement pris avec la façon dont l’IA a combiné les références historiques à la prospective, comme l’Oracle de Delphes, avec des concepts plus futuristes comme l’ascenseur spatial (apparent) en arrière-plan. En fait, je trouve que demander aux générateurs de texte à l’image d’imaginer une scène futuriste est un moyen très pratique de combler les lacunes dans la pensée future. Je vois inévitablement quelque chose qui a un sens dans l’image qui n’a pas été pris en compte dans le texte (en quelque sorte comme The Spandrels of San Marco et le Panglossian Paradigm).
Il analyse la nuance et une certaine profondeur que le croisement des IA donne à des réponses qui, isolément, sont convenues.
Dans le même temps, d’autres enseignants expérimentent aussi des pistes telles que, sur base d’une question posée, demander aux étudiants de proposer un article /travail rédigé par l’IA et ensuite un travail rédigé par l’étudiant lui-même. De mon côté, je demande aujourd’hui à tous les étudiants en fin de cycle de Master de me produire une table des matières via l’IA qui est basée sur leur Question de recherche, ensuite je leur demande de faire une analyse critique et d’améliorer cette table des matière… quitte à proposer une autre approche.
Car l’enjeu est bien là aujourd’hui face à une technologie qui évolue de mois en mois : on doit suivre plutôt que d’anticiper. Un jeu qui risque de durer quelque temps encore.
Les propos de K.J. Wheaton vont également dans ce sens : « C’est l’une des raisons, je pense, qui me rendent un peu inconfortable avec les politiques qui parlent de l’IA générative comme si elle était une source. Ça l’est, je suppose… mais il semble une moins bonne source que Wikipédia, et, alors que j’adore Wikipédia et que je crois que c’est l’une des grandes merveilles du monde moderne, je ne citerais pas Wikipédia pour autre chose qu’une base de recherche simplifiée. J’exige de mes étudiants, par exemple, qui trouvent une source de bonne réputation pour valider tout ce qu’une IA générative pourrait trouver lors d’une exploration avec l’IA. Et, si vous voulez qu’un étudiant trouve pourquoi ils auraient besoin de l’IA génératrice ? La réponse, bien sûr, est la forme (ndlr : bien plus que le fond). »
Et d’ajouter immédiatement que si c’est aujourd’hui la situation, demain sera probablement plus nuancé. Je complèterai que dans ce marais actuel où tout évolue tout le temps, il est essentiel de discuter entre enseignants pour échanger tous les ressentis, mais aussi les tests d’enseignement. Cette intelligence collective est plus puissante (en tout cas aujourd’hui) que l’IA.
Bonne et belle journée à vous.
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Pascal SIMOENS Architecte et urbaniste, data Scientist. Expert Smart Cities. J’ai commencé ma vie en construisant des villes en Lego, j’en ai fait mon métier. Geek invétéré, aujourd’hui je joins mes passions du numérique et de la ville au travers d’une expertise smart Cities et smart-buildings en travaillant en bureau d’étude (Poly-Tech Engineering) et j’enseigne cette même expertise à l’UMONS et l’ULB.
